Libérer
la parole. Débattre de tout sans tabou. Laisser les totems aux vestiaires. On
exhorte la nation à se débarrasser de ses inhibitions, à se dépouiller de ses
conventions.
Le
pouvoir, bon prince, enjoint ses ouailles à se déboutonner, à se décoincer sans
complexe. Le vieux « parler vrai » rocardien ne suffit plus : il
faut parler cru, cracher cash.
Manu
l’a voulu. Le grand débat institutionnel inaugure le temps des expressions
rebelles. Il convient de forcer sa nature, d’en dire des vertes et des pas
mûres. La lâcheté serait de ne pas « se lâcher » ou de ne pas « balancer » comme le préconisent les princes actuels des élégances
verbales, les champions adulés d’une psychologie déballonnée.
Résultat
des courses : on s’attaque au patrimoine. Notre Finkielkraut national, à
bougonnerie proverbiale, est agressé au seul motif d’être juif. L’injure est
une nouvelle écriture pour les nuls. La
parole se libère. Parallèlement, l’orthographe se perd, s’est perdue dans la
foule. Réfléchir prend du temps, la tête, un coup de vieux inexorable. En bon
boxeur, le pouvoir esquive la France d’en bas. En douce, il la camoufle en
France Débats. Moi, j’ai la nostalgie d’Alain Bashung : « C’est
comment qu’on freine ? »
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