mardi 17 décembre 2019

Un gin à la mandarine

Seul un palace sait dessiner les vides du temps qui passe. Avant, derrière Golfe Juan, il y a un vent à décorner les bœufs. Je cale mes yeux dans l’axe d’une rafale. Il y a l’hideuse bordure de béton, les platanes du macadam aux branches amputées comme des plaies écorcées. Au musée vidé de ses toiles russes, la bourrasque laisse insensible la figure de Germaine Richier, sa marcheuse adossée, sur fond de Méditerranée.
Au bout du chemin des sables, s’est apaisée la vague écarlate. La voile de régate est plantée dans la mer comme un crayon de couleur. Je me regarde vieillir au bar du serveur noir.
Je grignote un rectangle de saveur, piquetée de cerises griottes. La guimauve de Steve s’accorde au thé noir en qui croire. J’élis une confiserie à ciselé d’orfèvrerie. Fitzgerald squatte la villa, Modiano, sur la photo, trouve ses mots derrière le piano. Je songe à Courbet, à la toile effarante qui danse dans ma tête. « La toilette de la mariée » est au coffre à Northampton. L’Estérel est orangé à l’heure des peurs et des soleils qui meurent.
Au-delà du périphérique, les grèves sont graves. Les marcheurs progressent de République à Nation. Je commande un gin à la mandarine.

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