mercredi 9 mars 2011
Alors heureuse ?
Grands-mères à la fête. Journée de la femme. La semaine est exemplaire. La moitié du monde est honorée dans le calendrier. Spectacle, commerce. Tocsin, barouf, tintamarre. Les médias orchestrent la vacuité de l'ostentation. Alors heureuse ? La femme est parquée dans sa journée. Assignée à y résider. La société émiette les identités, exalte la différence, flatte les communautés. Tout se passe comme si le destin du monde fuyait l'unité du genre humain. Les corporatismes scarifient le temps, entaillent la chair des agendas. Les saints du jour sont remplacés par de grandes causes nationales. Les femmes sont considérées comme telles. Dégradante journée.
lundi 7 mars 2011
La veillée du quarteron
Rond de la discussion. Commence la veillée du quarteron. Autour du chef de camp, François Busnel, jeune Pivot du commentaire littéraire, les invités à bavarder sont de mèche avec l'honoré de la télé. Ils aiment la viande rouge de la littérature, la fine poésie de Céline. Il l'aiment passionnément, à la folie. Marguerite, "cause de moi" dit Céline, est le prénom de sa langue maternelle. A la folie. Oui à la folie. Car s'effeuillent ainsi les fleurs précieuses de Louis Destouches.
Les amants de la somptueuse crapule hésitent à ramener leur fraise. Peur du grotesque. Inutile de faire des petites phrases bâclées sur l'immense styliste. Il suffit de mimer Luchini. Prier, scander, lire Céline. Sans abîmer la cadence, la couleur et la sonorité. Ils étaient sobres les compagnons du grand mort incommémorable. La télévision s'interrogeait sur le génie poétique, sur la puissance de feu de Louis-Ferdinand Céline. Silence dans le rond. Gibault, le plus discret, évoqua les mille identités de Céline. Ce qu'on sait, c'est qu'il se voulait "final" comme La Fontaine. Qu'il était fier de ses pages d'artisanat, fixées à des pinces à linge, qu'il s'enorgueillissait de distinguer la batiste de la dentelle de Valenciennes. Aragon - qui ne figurait pas dans le rond de la télévision - nous sauve. Il répond à la question du talent incommensurable: "Devant le génie, il convient que l'on se décoiffât". La bande des quatre de France 5 s'est naturellement exécutée.
Les amants de la somptueuse crapule hésitent à ramener leur fraise. Peur du grotesque. Inutile de faire des petites phrases bâclées sur l'immense styliste. Il suffit de mimer Luchini. Prier, scander, lire Céline. Sans abîmer la cadence, la couleur et la sonorité. Ils étaient sobres les compagnons du grand mort incommémorable. La télévision s'interrogeait sur le génie poétique, sur la puissance de feu de Louis-Ferdinand Céline. Silence dans le rond. Gibault, le plus discret, évoqua les mille identités de Céline. Ce qu'on sait, c'est qu'il se voulait "final" comme La Fontaine. Qu'il était fier de ses pages d'artisanat, fixées à des pinces à linge, qu'il s'enorgueillissait de distinguer la batiste de la dentelle de Valenciennes. Aragon - qui ne figurait pas dans le rond de la télévision - nous sauve. Il répond à la question du talent incommensurable: "Devant le génie, il convient que l'on se décoiffât". La bande des quatre de France 5 s'est naturellement exécutée.
jeudi 3 mars 2011
Nostalgie du bouclier
Nostalgie de la fin. Quand la pellicule du film cède l'image au lent générique. Quand le dernier mot d'une page ponctue le cours d'un récit. Retour au réel. Nostalgie du bouclier et de sa stratégie anti-fisc. Fini le temps des cerises, des gâteries sur le gâteau, des sucettes sur les millions. Fini le temps du premier sou sanctuarisé quand le deuxième est confisqué.
Le bouclier était en plastoc, tout droit sorti d'une panoplie d'enfant d'après-guerre. Aucune carapace ne peut protéger de la fantaisie politique. L'Etat imposteur - je veux dire, l'Etat percepteur - baisse aujourd'hui la garde des riches assujettis. Bouclier passoire. Bouclier d'opportunité. Rupture de la rupture. Statu quo ante. La boucle du bouclier est bouclée. Parenthèse d'un vouloir de président.
Le bouclier était en plastoc, tout droit sorti d'une panoplie d'enfant d'après-guerre. Aucune carapace ne peut protéger de la fantaisie politique. L'Etat imposteur - je veux dire, l'Etat percepteur - baisse aujourd'hui la garde des riches assujettis. Bouclier passoire. Bouclier d'opportunité. Rupture de la rupture. Statu quo ante. La boucle du bouclier est bouclée. Parenthèse d'un vouloir de président.
Renégat
Faire un pas de côté. S'extraire de la fureur ordinaire. L'isolat de la prière mène à la figure du père.
Visage de terre qui abreuve au désert. Je dégringole en moi vers la parole chuchotée. J'ai quitté la mêlée, bivouaqué dans les sables, contemplé le silence bleu. Je recueille les fruits de la causerie. J'y puise la juste énergie, la douce lueur de bougie. Je parle à papa avec des mots de renégat.
Visage de terre qui abreuve au désert. Je dégringole en moi vers la parole chuchotée. J'ai quitté la mêlée, bivouaqué dans les sables, contemplé le silence bleu. Je recueille les fruits de la causerie. J'y puise la juste énergie, la douce lueur de bougie. Je parle à papa avec des mots de renégat.
mercredi 2 mars 2011
M'entendre
"On va m'entendre". Sous entendu: on va voir ce qu'on va voir. Chantage de la raide Pyrénéenne. Mam lâche ses cordes vocales. Retour au local. Elle est plus à son aise qu'avec la voix de la France.
Elle va s'appliquer à remplir son devoir de parlementaire. La rogne lui dicte sa besogne. Le ressentiment est sa motivation du moment. L'entendre : traduisons, un oral de rattrapage. On l'avait déjà beaucoup vue, la championne de la bévue.
Elle va s'appliquer à remplir son devoir de parlementaire. La rogne lui dicte sa besogne. Le ressentiment est sa motivation du moment. L'entendre : traduisons, un oral de rattrapage. On l'avait déjà beaucoup vue, la championne de la bévue.
Non, mon oncle
On ne quitte pas "Mort à crédit". On est boxé dans les cordes. Le bouquin reste entre vos mains. Il colle à la mémoire, s'imprime dans la chair, squatte le corps. Céline parasite la réalité. "Non, mon oncle". Derniers trois mots. Point final de l'ébouriffant poème. Ferdinand est fixé sur sa folie. Cap sur la Légion. Ferdinand se fiche des préventions de l'oncle. Il est rectiligne sur la tribulation.
Il suit l'exhortation de sa dure caboche. Il songe à Nora, la sublime noyée des mois de pensionnat. Nora s'est échappée de la nuit. Elle fend la mer d'Angleterre. Elle s'abîme dans une vague éperdue. Ferdinand se souvient de ses fièvres romantiques. Il revoit Courtial à l'aube, troué dans la tête. Il n'a pas bronché, empoigné son fusil. Il voit du rouge qui dégouline entre les lignes. La mort se donne comme une carte de mauvaise pioche. Ferdinand est expert en pudeur. "Non, mon oncle".
Il suit l'exhortation de sa dure caboche. Il songe à Nora, la sublime noyée des mois de pensionnat. Nora s'est échappée de la nuit. Elle fend la mer d'Angleterre. Elle s'abîme dans une vague éperdue. Ferdinand se souvient de ses fièvres romantiques. Il revoit Courtial à l'aube, troué dans la tête. Il n'a pas bronché, empoigné son fusil. Il voit du rouge qui dégouline entre les lignes. La mort se donne comme une carte de mauvaise pioche. Ferdinand est expert en pudeur. "Non, mon oncle".
mardi 1 mars 2011
Juppé président
Il traîne un air ennuyé, arbore un mince sourire désillusionné, va vite à l'essentiel. Il se consacre aux choses de la cité de manière distanciée, faussement désintéressée, avec facilité. Il laisse s'agiter l'homme de l'Elysée, brouillon, en proie à la peur d'échouer. Il vient lui prêter main forte, recadrer une politique erratique. Il s'est fait désirer au Quai d'Orsay. Il s'y installe avec une valise diplomatique bourrée d'arrière-pensées. Nicolas Sarkozy, emmêlé dans ses velléités, lui donne les clés.
Juppé est un animal froid. Juppé apprécie d'être courtisé. Il cache son extrême sensibilité. A l'instar de Fabius, il vise l'Elysée depuis son premier prix d'excellence.
Méritocratie, aristocratie. Alain Juppé se situe à la croisée de deux légitimités: le brio intellectuel, une élégance de style. Il arrive à son heure. L'actuel président a rayé toute esthétique du pouvoir. Il méprise la manière au point de ne plus savoir quelle posture adopter. A l'approximation érigée en dogme, Alain Juppé oppose la synthèse claire, le raccourci limpide, la pédagogie sèche. Bref, il domine, de la tête et des épaules, ses compagnons de la fin de mandat. Il sourit moins qu'un candidat déclaré, exhibe peu ses canines féroces. Alain Juppé joue sa partition pour la prochaine élection. "Juppé président" a toujours sonné à ses oreilles comme un slogan évident.
Juppé est un animal froid. Juppé apprécie d'être courtisé. Il cache son extrême sensibilité. A l'instar de Fabius, il vise l'Elysée depuis son premier prix d'excellence.
Méritocratie, aristocratie. Alain Juppé se situe à la croisée de deux légitimités: le brio intellectuel, une élégance de style. Il arrive à son heure. L'actuel président a rayé toute esthétique du pouvoir. Il méprise la manière au point de ne plus savoir quelle posture adopter. A l'approximation érigée en dogme, Alain Juppé oppose la synthèse claire, le raccourci limpide, la pédagogie sèche. Bref, il domine, de la tête et des épaules, ses compagnons de la fin de mandat. Il sourit moins qu'un candidat déclaré, exhibe peu ses canines féroces. Alain Juppé joue sa partition pour la prochaine élection. "Juppé président" a toujours sonné à ses oreilles comme un slogan évident.
Inscription à :
Articles (Atom)