lundi 7 mars 2011

La veillée du quarteron

Rond de la discussion. Commence la veillée du quarteron. Autour du chef de camp, François Busnel, jeune Pivot du commentaire littéraire, les invités à bavarder sont de mèche avec l'honoré de la télé. Ils aiment la viande rouge de la littérature, la fine poésie de Céline. Il l'aiment passionnément, à la folie. Marguerite, "cause de moi" dit Céline, est le prénom de sa langue maternelle. A la folie. Oui à la folie. Car s'effeuillent ainsi les fleurs précieuses de Louis Destouches.
Les amants de la somptueuse crapule hésitent à ramener leur fraise. Peur du grotesque. Inutile de faire des petites phrases bâclées sur l'immense styliste. Il suffit de mimer Luchini. Prier, scander, lire Céline. Sans abîmer la cadence, la couleur et la sonorité. Ils étaient sobres les compagnons du grand mort incommémorable. La télévision s'interrogeait sur le génie poétique, sur la puissance de feu de Louis-Ferdinand Céline. Silence dans le rond. Gibault, le plus discret, évoqua les mille identités de Céline. Ce qu'on sait, c'est qu'il se voulait "final" comme La Fontaine. Qu'il était fier de ses pages d'artisanat, fixées à des pinces à linge, qu'il s'enorgueillissait de distinguer la batiste de la dentelle de Valenciennes. Aragon - qui ne figurait pas dans le rond de la télévision - nous sauve. Il répond à la question du talent incommensurable: "Devant le génie, il convient que l'on se décoiffât". La bande des quatre de France 5 s'est naturellement exécutée.

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