mardi 1 mars 2011

Juppé président

Il traîne un air ennuyé, arbore un mince sourire désillusionné, va vite à l'essentiel. Il se consacre aux choses de la cité de manière distanciée, faussement désintéressée, avec facilité. Il laisse s'agiter l'homme de l'Elysée, brouillon, en proie à la peur d'échouer. Il vient lui prêter main forte, recadrer une politique erratique. Il s'est fait désirer au Quai d'Orsay. Il s'y installe avec une valise diplomatique bourrée d'arrière-pensées. Nicolas Sarkozy, emmêlé dans ses velléités, lui donne les clés.
Juppé est un animal froid. Juppé apprécie d'être courtisé. Il cache son extrême sensibilité. A l'instar de Fabius, il vise l'Elysée depuis son premier prix d'excellence.
Méritocratie, aristocratie. Alain Juppé se situe à la croisée de deux légitimités: le brio intellectuel, une élégance de style. Il arrive à son heure. L'actuel président a rayé toute esthétique du pouvoir. Il méprise la manière au point de ne plus savoir quelle posture adopter. A l'approximation érigée en dogme, Alain Juppé oppose la synthèse claire, le raccourci limpide, la pédagogie sèche. Bref, il domine, de la tête et des épaules, ses compagnons de la fin de mandat. Il sourit moins qu'un candidat déclaré, exhibe peu ses canines féroces. Alain Juppé joue sa partition pour la prochaine élection. "Juppé président" a toujours sonné à ses oreilles comme un slogan évident.

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