Le consensuel Hessel était d'instinct droitier. L'homme était droit dans ses bottes des droits de l'homme. Il était l'ami de la cité et de la publicité. Il guérissait les crapules de leurs pénibles scrupules.
On enterre une belle âme dans un détestable ramdam. On valide les points, les "smiles" de hall de gare, les sourires du pépère, au poinçonneur des Invalides. Tambours, discours. Tous les bons scouts écoutent en rang d'oignons. Gouvernement de cire ne saurait mentir.
Pourquoi diable refuser à Hessel ce qu'on accorde à Chavez: sept jours de doigt dans l'oeil national ?
jeudi 7 mars 2013
Rue de Miromesnil
Sarkozy bâille quand on lui parle de politicaille. Dans sa grande bonté, l'Etat, bon prince, lui paie de somptueux espaces, rue de Miromesnil, pour ses causeries plein tarif.
Dans son gueuloir à conférences, Sarkozy jouit des ratages de la droite et des couacs de la gauche. Il prie pour la chienlit dans le pays. Il se délecte des futures calamités.
Hollande, qui n'est jamais que Blum III, s'empêtrera dans son électorat. Sarkozy sourit de l'expédition malienne. Il considère que sa traversée du désert, rue de Miromesnil, est indexée sur les sables du Sahel.
Dans son gueuloir à conférences, Sarkozy jouit des ratages de la droite et des couacs de la gauche. Il prie pour la chienlit dans le pays. Il se délecte des futures calamités.
Hollande, qui n'est jamais que Blum III, s'empêtrera dans son électorat. Sarkozy sourit de l'expédition malienne. Il considère que sa traversée du désert, rue de Miromesnil, est indexée sur les sables du Sahel.
mercredi 6 mars 2013
Soixante ans
C'est la Sainte Félicité. Je pense à la brave fille d'Un Coeur Simple. J'ai soixante ans et de l'amylase en excédent. Avec soixante minutes, on fait une heure. J'ignore si soixante ans suffisent à faire une vie.
Proust est mort, il y a dix ans. Flaubert l'année dernière. Dostoïevski aussi.
Moi j'ai l'âge de Bernanos sur son lit de mort de Neuilly. Bernanos est tombé sur un os. Le fils de tapissier se savait condamné. Les sourires de grandes personnes l'avaient instruit.
"Certes ma vie est déjà pleine de morts. Mais le plus mort des morts est le petit garçon que je fus" (Les Grands Cimetières sous la Lune). Culottes courtes et carottes cuites. Chateaubriand nous enterrera tous.
Proust est mort, il y a dix ans. Flaubert l'année dernière. Dostoïevski aussi.
Moi j'ai l'âge de Bernanos sur son lit de mort de Neuilly. Bernanos est tombé sur un os. Le fils de tapissier se savait condamné. Les sourires de grandes personnes l'avaient instruit.
"Certes ma vie est déjà pleine de morts. Mais le plus mort des morts est le petit garçon que je fus" (Les Grands Cimetières sous la Lune). Culottes courtes et carottes cuites. Chateaubriand nous enterrera tous.
L'autre idiot
A dix-sept ans, Flaubert écrit à Ernest Chevalier: "Je suis à moitié des Confessions de Jean-Jacques Rousseau, c'est admirable. Voilà la vraie école de style" (11 octobre 1838).
Dix-sept jours plus tard, Flaubert persévère: "J'ai presque fini Les Confessions de Rousseau. Je t'engage fort à lire cette oeuvre admirable, c'est là la vraie école de style". Un mois après, il ranime une même ferveur, radote avec sa marotte: "Tu as lu Rousseau, dis-tu. - Quel homme !"
L'épistolier normand traite Ernest en premier communiant: "Tâche de croire à l'intégrité des ministres, à la chasteté des putains..., alors tu seras heureux et au trois quart imbécile". Flaubert est barricadé dans ses cahiers. Il se plaît à la félicité de l'été. Il trouve la pluie à Trouville. Il lit Rabelais, Corneille, Shakespeare.
Il y a deux variétés d'idiot: le prince Muichkine et l'autre, le crétin des Pyrénées. Flaubert obéit. Flaubert va voir à la cuisine s'il y est. Flaubert révèle une désolante crédulité. Le père s'exaspère, rédige le diagnostic: "Idiot de la famille". Sartre grabataire en fera un gros bouquin testamentaire.
Dix-sept jours plus tard, Flaubert persévère: "J'ai presque fini Les Confessions de Rousseau. Je t'engage fort à lire cette oeuvre admirable, c'est là la vraie école de style". Un mois après, il ranime une même ferveur, radote avec sa marotte: "Tu as lu Rousseau, dis-tu. - Quel homme !"
L'épistolier normand traite Ernest en premier communiant: "Tâche de croire à l'intégrité des ministres, à la chasteté des putains..., alors tu seras heureux et au trois quart imbécile". Flaubert est barricadé dans ses cahiers. Il se plaît à la félicité de l'été. Il trouve la pluie à Trouville. Il lit Rabelais, Corneille, Shakespeare.
Il y a deux variétés d'idiot: le prince Muichkine et l'autre, le crétin des Pyrénées. Flaubert obéit. Flaubert va voir à la cuisine s'il y est. Flaubert révèle une désolante crédulité. Le père s'exaspère, rédige le diagnostic: "Idiot de la famille". Sartre grabataire en fera un gros bouquin testamentaire.
mardi 5 mars 2013
Filochard au Mali
Belmokhtar ressemble à Filochard avec son oeil crevé de kamikaze du désert. Il appartient à une bande de cinglés, genre Pieds-Nickelés. C'est un produit dérivé de la bande dessinée Al Quaïda.
Sur l'image obligatoire de la télé du soir, Filochard a l'oeil noir du cabochard. Derrière lui, on voit des indigents qui sautent à la corde. Derrière encore, l'ocre d'un sable qui n'est pas de plage.
Le Tchad abhorre les tièdes. Belmokthar est mort. Foi des soldats de N'Djamena. A Paris, on se cantonne à l'indécis. Avec la guerre au Mali, on considère la transparence comme une anomalie de la démocratie. Les hommes périssent en secret, loin des greffiers.
Sur l'image obligatoire de la télé du soir, Filochard a l'oeil noir du cabochard. Derrière lui, on voit des indigents qui sautent à la corde. Derrière encore, l'ocre d'un sable qui n'est pas de plage.
Le Tchad abhorre les tièdes. Belmokthar est mort. Foi des soldats de N'Djamena. A Paris, on se cantonne à l'indécis. Avec la guerre au Mali, on considère la transparence comme une anomalie de la démocratie. Les hommes périssent en secret, loin des greffiers.
lundi 4 mars 2013
Les dents
Ils parlent sans arrêt comme s'ils vivaient dans le noir et qu'ils avaient peur de la longueur du soir. Je songe à Ponge: "Il n'y a pas à dire: quand on parle, ça découvre les dents".
Les salons sont des lieux de causerie, des ateliers de tricots, de décrassage des pouces sur l'alphabet d'écran. Le langage est un désespoir de bête sauvage. Il tambourine le malaise animal. Il fait du bruit, sonorise la nuit. Il brandit la mâchoire comme un guerrier ses pierres. Il jette son énergie dans la bagarre des phonèmes.
Les salons sont des lieux de causerie, des ateliers de tricots, de décrassage des pouces sur l'alphabet d'écran. Le langage est un désespoir de bête sauvage. Il tambourine le malaise animal. Il fait du bruit, sonorise la nuit. Il brandit la mâchoire comme un guerrier ses pierres. Il jette son énergie dans la bagarre des phonèmes.
dimanche 3 mars 2013
Le grand Gustave
Parler de Flaubert, d'amour, sans évoquer Madame Schlesinger, sans esquisser le bord de mer, Trouville, les roches noires, son atmosphère, c'est faillir grave à sa mémoire.
Au petit gueuloir du Luxembourg, l'académique Winock disqualifie sa biographie. Il confesse une paresse. Pas un mot d'universitaire sur la belle étrangère de Flaubert.
Les récits des autres vies s'apparentent à des coups de canif, sauvagement plantés dans la pierre de statuaire. Le frivole biographe essuie sa petite griffe sur le dos du grand Gustave.
Au petit gueuloir du Luxembourg, l'académique Winock disqualifie sa biographie. Il confesse une paresse. Pas un mot d'universitaire sur la belle étrangère de Flaubert.
Les récits des autres vies s'apparentent à des coups de canif, sauvagement plantés dans la pierre de statuaire. Le frivole biographe essuie sa petite griffe sur le dos du grand Gustave.
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