vendredi 7 mars 2014

Félicité

Félicité est une bonne fée. C'est une sainte flaubertienne à cause d'Un coeur simple. Gustave peaufine trois contes avant la tombe.
Félicité dit la joie qui se tait. La domestique encaustique une vie rustique d'un voile mystique. Au décès de Staline, tout juste j'étais né, bien avant Poutine.
J'étais fripé. Je suis frappé par la sonorité d'une épopée, l'odeur et la couleur. Je frôle Gustave. Oui, Gustave, le fils du peintre. Les dates concordent. J'ai gardé Flaubert pour le dessert. Je finirai le trajet par Félicité.

jeudi 6 mars 2014

Un coloriage de Garache

Le rouge de Garache donne à luire son bonheur de chair. Quand tout bouge aux heures beiges, le peintre voit rouge.
Le soleil flèche la toile en son oeil. J'observe la tribulation du rayon sur le quadrangle vermillon.
Le bleu du ciel est muet comme un missel. Les cuisses sont ficelées. Le modèle est serré, comme empaqueté dans des bras d'emballage. La face résiste au corps oblique. Elle freine sa joie de chair pleine. C'est la retenue du Nu.
Dieu de dos ne révèle qu'un front bleu. La flamme de Garache est une femme que je sache. Derrière les volets, se cache une grande brûlée. Derrière un nuage, se cache un coloriage de Garache.

mercredi 5 mars 2014

Bavard et Ricochet

La mécanique comique de Bouvard et Pécuchet fait mouche à chaque ligne. La bêtise ignore la folie. Elle ne déraille jamais. Rien ne la déroute. Elle progresse sans la moindre paresse.
Il se nomme Bouvard parce qu'il est veuf. On prononce Pécuchet parce qu'il n'a pas couché. Bouvard et Pécuchet, boeuf et pécore, veaux du troupeau. Du latin pecus, d'où vient le pécuniaire écu.
Les deux copistes, Bavard et Ricochet, redressent la nuque, superposent aux mots leurs fronts de taureau. Ils vont faire l'école buissonnière, retranscrire le verbatim de l'univers, enregistrer en catimini la parole oraculaire de Sarkozy.

mardi 4 mars 2014

Lent face à l'insolent

On écope de Copé, d'une histoire de kopecks. Il lit sa fable, les yeux rougis de démocratie.
Fait écho le bruit des bottines de Poutine. La démocratie est un sujet de fâcherie. L'espérance de transparence n'est pas une croyance russe. La fièvre de Kiev nécessite les vieux antibiotiques soviétiques: chars d'empire, matin, midi et soir.
On s'essuie les yeux. Fini les Jeux de Sotchi. Poutine recycle les carabines du biathlon. Merkel, au plus près des frontières, préconise la parole et le sens du réel. Obama menace à distance, use de Cameron comme d'un drone.
Hollande recueille les potins de seconde main. Il écoute aux portes des chancelleries amies. Les atermoiements du Vieux Continent donnent le sentiment qu'il est lent face à l'insolent.

lundi 3 mars 2014

De la modestie

Oscar, César et Balthazar. L'art méritoire dénombre au hasard ses lascars. La victoire est une convoitise de mâchoire. Les honneurs sont des impudeurs de lutteurs.
La volonté ternit la beauté. La grandeur s'exonère du larbinat d'un vouloir. A George Sand, dame de Nohant qui le préserve du néant, Flaubert confie son étonnement: "La recherche d'un honneur quelconque me semble, d'ailleurs, un acte de modestie incompréhensible" (Lettre du 28 octobre 1872, Bibliothèque de la Pléiade, tome IV de La Correspondance, page 599).
Le fin lettré raille l'air emprunté de la vanité. Cruchard moucharde. Dévoile un pot-aux-roses. Dès les premières lueurs du soleil, Flaubert a fait son deuil du manque d'orgueil. L'immodestie lui suffit. C'est par les deux bouts qu'il saisit l'infini.

dimanche 2 mars 2014

Le roi Resnais

Resnais s'est levé de table. Avant la fin du festin. C'est l'été. Dimanche à Providence. Une famille déjeune au soleil. Les arbres dégoulinent de lumière.
Resnais rompt la sonorité du banquet. Il doute du ciel bleu. Il se détourne de la gloire du jour. L'homme a besoin d'ombre. John Gieguld se cache pour mourir. Il s'extrait de la fête comme une bête qui sent la défaite. Le vieillard se terre dans sa demeure.
Resnais meurt comme l'admirable acteur. Avec une même pudeur. Il a défini son territoire, flairé les vraies stars, créé son cinéma, tourné d'instinct avant de s'en aller.
Delphine Seyrig dans Muriel était un don du ciel. Le roi Resnais aimait la bande dessinée. Je l'ai croisé qui farfouillait dans un rayon d'albums coloriés. Resnais, Truffaut, Rohmer. Il est tard. Reste Godard.

On brûle les feux

Le vin de Champagne est joliment nommé Tsarine. Le théâtre du Châtelet regorge d'alcool avant le lever de rideau. Sur la scène et sans peur, une grande bringue pétille dans une robe de candeur. Cécile joue franche avec la salle.
Les jeunes starlettes se déhanchent comme des camionneuses. Les petites reines ont un port de loubarde. J'ai la nostalgie d'une magie, des actrices comme des cicatrices. J'ai la mémoire des chairs incendiaires.
Les joues sont baisées et les mercis minaudés. Les récipiendaires manquent de vocabulaire, l'émotion d'éducation.
Niels Arestrup s'est échappé de la troupe. Il s'extrait du parterre. Il secoue l'encolure, désarçonne la mièvre imposture, dévoile une blessure. Il cite Rilke, l'amant de Balandine: "Une oeuvre d'art est bonne lorsqu'elle est née d'une nécessité. C'est la nature de son origine qui la juge" (Lettres à un jeune poète, 1903-1908).
Il est tard. On se bouscule aux vestiaires. On s'engouffre dans l'autocar encadré de motards. On se rend de bon coeur au stade comme des footballeurs. On longe les quais tombeau ouvert, on brûle les feux à découvert. On stoppe au Fouquet's, terminus du bus. Le cinéma est un lobby, pas une froide plaisanterie. Il choie ses lauréats.
J'apprécie le Pauillac du Baron Nathaniel. J'observe Françoise Fabian dans sa jeunesse indemne. Ma nuit chez Maud ne passe pas de mode