dimanche 2 mars 2014

On brûle les feux

Le vin de Champagne est joliment nommé Tsarine. Le théâtre du Châtelet regorge d'alcool avant le lever de rideau. Sur la scène et sans peur, une grande bringue pétille dans une robe de candeur. Cécile joue franche avec la salle.
Les jeunes starlettes se déhanchent comme des camionneuses. Les petites reines ont un port de loubarde. J'ai la nostalgie d'une magie, des actrices comme des cicatrices. J'ai la mémoire des chairs incendiaires.
Les joues sont baisées et les mercis minaudés. Les récipiendaires manquent de vocabulaire, l'émotion d'éducation.
Niels Arestrup s'est échappé de la troupe. Il s'extrait du parterre. Il secoue l'encolure, désarçonne la mièvre imposture, dévoile une blessure. Il cite Rilke, l'amant de Balandine: "Une oeuvre d'art est bonne lorsqu'elle est née d'une nécessité. C'est la nature de son origine qui la juge" (Lettres à un jeune poète, 1903-1908).
Il est tard. On se bouscule aux vestiaires. On s'engouffre dans l'autocar encadré de motards. On se rend de bon coeur au stade comme des footballeurs. On longe les quais tombeau ouvert, on brûle les feux à découvert. On stoppe au Fouquet's, terminus du bus. Le cinéma est un lobby, pas une froide plaisanterie. Il choie ses lauréats.
J'apprécie le Pauillac du Baron Nathaniel. J'observe Françoise Fabian dans sa jeunesse indemne. Ma nuit chez Maud ne passe pas de mode

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