L'histoire des hommes suinte d'ennui, de sang et de querelles monotones. La guéguerre accélère le cycle des cimetières. Les princes de Bourgogne se distraient sans vergogne à la tuerie des peuples. La volonté, soleil mort des visages, borne le front des pouvoirs. L'idiotie règne en majesté, roi ivrogne de l'humanité.
J'ai choisi un raccourci. Loin des bandits de grands chemins et des historiettes à gonflette. Je dédaigne les charniers ordinaires. J'interroge l'histoire par le détour des beautés. J'use mes yeux au Louvre. J'examine les traces de doigt laissées, la sueur sur la pierre des travailleurs de lumière. J'apprends le temps des édifices. J'engrange la leçon de fastueux artifices.
J'oublie les noms, les dates. Je regarde les couleurs qui colmatent la fureur des pleurs. Je garde le silence. Je ne veux surtout pas d'histoire.
vendredi 30 novembre 2012
jeudi 29 novembre 2012
"Rumpf"
Dans la bagarre de la droite, les mots ne sont pas saufs. Ils saignent aussi, ils perdent du sens. La sécession des hommes de Fillon se cristallise dans une faction baptisée "Rump". R comme rassemblement. R comme le RPR d'avant-hier.
Le mot "rassemblement" se juxtapose au mot "union" qui veut dire la même chose. Kif kif bourricot.
La sédition double la mise unitaire. Deux synonymes fondent le nouvel acronyme. Copé prononce "Rumpf". Avec malignité. Le rajout du "f" évoque une fuite d'air. Il laisse entendre un bruit de baudruche qui se dégonfle.
Le mot "rassemblement" se juxtapose au mot "union" qui veut dire la même chose. Kif kif bourricot.
La sédition double la mise unitaire. Deux synonymes fondent le nouvel acronyme. Copé prononce "Rumpf". Avec malignité. Le rajout du "f" évoque une fuite d'air. Il laisse entendre un bruit de baudruche qui se dégonfle.
L'ogre de l'Elysée
Idées prétextes, intérêts en tête. L'Elysée est paré de charmes d'Etat qui enivrent ses candidats. C'est un palais convoité qui altère la raison des plus modérés.
Copé le fourbe et Fillon le tâcheron se cognent à l'illusion d'un même songe. Ils ont gravé leur destin dans un marbre imaginaire. L'Elysée fantasmé transite par le marchepied d'une Ump, même plombée.
Copé s'estime intellectuellement supérieur. Fillon revendique avec Matignon une légitimité meilleure.
La haine les embastille dans sa prison. Elle jette un voile sur leur lucidité. La lutte agonistique exprime l'horizon ultime de l'ambition politique.
Ils se ressemblent trop pour consentir à la victoire de l'autre. Ils sont trop égaux pour apaiser leurs egos. L'objet de leur passion ne souffre aucune entorse. Il est d'autant plus désiré qu'il est éloigné. Girard a tout dit sur pareille bagarre.
Ils sont possédés par le diable de la rivalité chimérique. L'Elysée à cueillir est situé en deux mille dix-sept. C'est un ogre insensible qui déjà mange une batailleuse marmaille.
Copé le fourbe et Fillon le tâcheron se cognent à l'illusion d'un même songe. Ils ont gravé leur destin dans un marbre imaginaire. L'Elysée fantasmé transite par le marchepied d'une Ump, même plombée.
Copé s'estime intellectuellement supérieur. Fillon revendique avec Matignon une légitimité meilleure.
La haine les embastille dans sa prison. Elle jette un voile sur leur lucidité. La lutte agonistique exprime l'horizon ultime de l'ambition politique.
Ils se ressemblent trop pour consentir à la victoire de l'autre. Ils sont trop égaux pour apaiser leurs egos. L'objet de leur passion ne souffre aucune entorse. Il est d'autant plus désiré qu'il est éloigné. Girard a tout dit sur pareille bagarre.
Ils sont possédés par le diable de la rivalité chimérique. L'Elysée à cueillir est situé en deux mille dix-sept. C'est un ogre insensible qui déjà mange une batailleuse marmaille.
mercredi 28 novembre 2012
L'anniversaire d'un "super-menteur"
Chirac, quatre fois vingt-ans, a vieilli vite, hors des chienneries addictives d'un pouvoir excitant, décline à toute allure, rangé des voitures. Il a l'âge du dernier de Gaulle, terrassé à Colombey.
Au soir d'une improbable victoire, Copé évoque sa mémoire, exprime sa reconnaissance "personnelle" à l'endroit d'un mentor cabossé, couturé de partout.
Chirac a raflé la mairie de Paris, au nez et à la barbe de la noble Giscardie. Il a chapardé l'Elysée en renard de poulailler. Il a démenti la bien-pensance des pieux bavardages et des doctes sondages.
Copé ressuscite l'image d'un Chirac, un peu voyou, "super-menteur", bousculant les pronostics, brûlant les politesses, à la hussarde. Copé fête à sa manière l'anniversaire du vieux chef: il ravive, avec une même impétuosité, le souvenir de ses prouesses.
Au soir d'une improbable victoire, Copé évoque sa mémoire, exprime sa reconnaissance "personnelle" à l'endroit d'un mentor cabossé, couturé de partout.
Chirac a raflé la mairie de Paris, au nez et à la barbe de la noble Giscardie. Il a chapardé l'Elysée en renard de poulailler. Il a démenti la bien-pensance des pieux bavardages et des doctes sondages.
Copé ressuscite l'image d'un Chirac, un peu voyou, "super-menteur", bousculant les pronostics, brûlant les politesses, à la hussarde. Copé fête à sa manière l'anniversaire du vieux chef: il ravive, avec une même impétuosité, le souvenir de ses prouesses.
lundi 26 novembre 2012
Un seul peuple
"La colère du peuple de droite". La manchette du Monde provoque aussitôt la mienne. Car il est inapproprié de procéder à la partition du peuple, notion indivisible comme la nation.
Il est vrai que l'expression "peuple de gauche", souvent proclamée, revendique une improbable légitimité. Pourquoi pas, pendant qu'on y est, "un peuple du centre" ? Le peuple ne se fractionne pas en travées d'hémicycle.
La République ne souffre qu'un seul peuple français, riche de sa diversité et de ses libertés.
Il est vrai que l'expression "peuple de gauche", souvent proclamée, revendique une improbable légitimité. Pourquoi pas, pendant qu'on y est, "un peuple du centre" ? Le peuple ne se fractionne pas en travées d'hémicycle.
La République ne souffre qu'un seul peuple français, riche de sa diversité et de ses libertés.
Un voyage de trente ans
Jackéguéna, c'est deux prénoms qui n'en font qu'un. Jackéguéna, c'est le nom d'une saga. Jackéguéna sont des voyageurs nés.
Tout commence entre eux par le transport amoureux. Mais le transport amoureux ne leur suffit pas. Car ils sont amoureux, tous deux, des transports. De tous les transports possibles. Qui dit Maussion, dit locomotion.
Auto, bateau, chevaux, c'est leur métro, boulot, dodo. Auto, bateau, chevaux. Pourquoi chevaux ? Parce qu'ils se sont mariés sous le signe de fiers destriers, sous le signe du Haras du Pin, sous le signe des pur-sang et des bois environnants. Or ces bois, ces pins du haras annoncent les bois de Tertu.
Bois de Tertu dont Jackéguéna tailleront des glissières d'autoroutes qui, en trente ans, couvriront la terre entière.
Auto, bateau, chevaux. On ajoute au pot, l'avion. L'avion des Maussion vole de Chine au Chili. Tertu, Normandie, est à portée de Patagonie.
Mais Jackéguéna aiment les transports à la folie au point même d'y embringuer leurs mollets apprentis.
Grand papou enfourche sa machine, appuie fort sur les pédales, la tête dans le guidon, grimpe les côtes en se déhanchant. Grand papou amorce une nouvelle carrière de cycliste.
Et grande mamou dans tout cela ? Je ne sais pas. Elle regarde grand papou, d'un oeil amusé, courbé sur sa bécane. Le vélo lui aussi revendique sa part de gâteau. Vélo a rejoint auto, bateau, chevaux.
Récapitulons. Enumérons les transports. Auto, bateau, chevaux, avion, vélo, Malo. Malo aussi.
Ce saint d'Irlande ou du Pays de Galles - Wikipedia, quand on l'interroge, s'emmêle un peu les pinceaux - est un modèle d'aventurier des eaux.
Malo évoque les flots, mais pas seulement. Malo chante do, l'enfant do. Malo résume tous les rêves de bateaux de grand papou et de grande mamou. Malo est une sorte d'enfant de la balle, élevé au voisinage des eaux. Malo des mers est le jumeau de Gabriel, son frère qui, lui, porte un nom d'archange.
Gabriel, l'adorable angelot, est messager du ciel. Gabriel chahute un peu dans le ciel. Il va plein pot, à toute allure, fend l'azur avec ses ailes d'oiseau.
Malo et Gabriel sont nés voyageurs, l'un des mers, l'autre des airs. Ils ont de qui tenir. Ils ont l'amour des grands espaces dans le sang. Ce sont Jackéguéna crachés.
Jackéguéna - j'ai commencé par là - sont des voyageurs nés. Des voyageurs nés qui ont trente années de bourlingue conjugale au compteur. Ne sont pas près de s'arrêter, n'ont pas envie de tourner le dos au grand large. Non. Pas pour un empire.
Ils piaffent déjà d'impatience dans leurs starting-blocks. Ils sont partants pour un deuxième voyage de trente ans. Ils écopent de la double peine, les deux chenapans, les deux chenapans des cinq continents.
Et nous serons là dans trente ans - à peine moins fringants - pour les noces de diamant d'arrière grand papou et d'arrière grande mamou.
Joué du Bois, le retour, Joué du Bois, saison 2, c'est pour le 24 novembre 2042. 24/11/42, nombre magique, parfaitement symétrique. 24/11/42. Notez-le sur vos tablettes. Save the date comme on baragouine sur Internet.
Tout commence entre eux par le transport amoureux. Mais le transport amoureux ne leur suffit pas. Car ils sont amoureux, tous deux, des transports. De tous les transports possibles. Qui dit Maussion, dit locomotion.
Auto, bateau, chevaux, c'est leur métro, boulot, dodo. Auto, bateau, chevaux. Pourquoi chevaux ? Parce qu'ils se sont mariés sous le signe de fiers destriers, sous le signe du Haras du Pin, sous le signe des pur-sang et des bois environnants. Or ces bois, ces pins du haras annoncent les bois de Tertu.
Bois de Tertu dont Jackéguéna tailleront des glissières d'autoroutes qui, en trente ans, couvriront la terre entière.
Auto, bateau, chevaux. On ajoute au pot, l'avion. L'avion des Maussion vole de Chine au Chili. Tertu, Normandie, est à portée de Patagonie.
Mais Jackéguéna aiment les transports à la folie au point même d'y embringuer leurs mollets apprentis.
Grand papou enfourche sa machine, appuie fort sur les pédales, la tête dans le guidon, grimpe les côtes en se déhanchant. Grand papou amorce une nouvelle carrière de cycliste.
Et grande mamou dans tout cela ? Je ne sais pas. Elle regarde grand papou, d'un oeil amusé, courbé sur sa bécane. Le vélo lui aussi revendique sa part de gâteau. Vélo a rejoint auto, bateau, chevaux.
Récapitulons. Enumérons les transports. Auto, bateau, chevaux, avion, vélo, Malo. Malo aussi.
Ce saint d'Irlande ou du Pays de Galles - Wikipedia, quand on l'interroge, s'emmêle un peu les pinceaux - est un modèle d'aventurier des eaux.
Malo évoque les flots, mais pas seulement. Malo chante do, l'enfant do. Malo résume tous les rêves de bateaux de grand papou et de grande mamou. Malo est une sorte d'enfant de la balle, élevé au voisinage des eaux. Malo des mers est le jumeau de Gabriel, son frère qui, lui, porte un nom d'archange.
Gabriel, l'adorable angelot, est messager du ciel. Gabriel chahute un peu dans le ciel. Il va plein pot, à toute allure, fend l'azur avec ses ailes d'oiseau.
Malo et Gabriel sont nés voyageurs, l'un des mers, l'autre des airs. Ils ont de qui tenir. Ils ont l'amour des grands espaces dans le sang. Ce sont Jackéguéna crachés.
Jackéguéna - j'ai commencé par là - sont des voyageurs nés. Des voyageurs nés qui ont trente années de bourlingue conjugale au compteur. Ne sont pas près de s'arrêter, n'ont pas envie de tourner le dos au grand large. Non. Pas pour un empire.
Ils piaffent déjà d'impatience dans leurs starting-blocks. Ils sont partants pour un deuxième voyage de trente ans. Ils écopent de la double peine, les deux chenapans, les deux chenapans des cinq continents.
Et nous serons là dans trente ans - à peine moins fringants - pour les noces de diamant d'arrière grand papou et d'arrière grande mamou.
Joué du Bois, le retour, Joué du Bois, saison 2, c'est pour le 24 novembre 2042. 24/11/42, nombre magique, parfaitement symétrique. 24/11/42. Notez-le sur vos tablettes. Save the date comme on baragouine sur Internet.
Le petit lieutenant
Pas de commission des recours mais un appel au secours. Juppé, chef de mission bidon, tend la main à Fillon qui a pris un bouillon et qui cherche un giron.
Fillon et Juppé n'étaient pas faits pour s'entendre. Le volcanique Séguin, mentor de l'un, rival de l'autre, se dressait massivement entre les deux petits lieutenants. Or Juppé, le factotum de Chirac, s'est plu à faire un geste de charité. Il sait Fillon, éternel numéro deux, en demande de protection.
Juppé soigne sa vanité. Question d'étiquette, de respect des hiérarchies. Question d'identité des grades. Juppé n'est pas sans ego: il ne parle qu'à ses égaux. Le coup de main de Juppé à Fillon s'interprète comme le dialogue de deux excellences, de deux anciens premiers ministres, de deux grands hommes à gloire similaire. La conversation au sommet excluait Copé, à moindre pedigree.
Mais Fillon et Juppé ne sont pas des chefs. Ce sont des présidents de commission. Juppé n'a jamais pu s'affranchir de Chirac. Fillon demeure le "collaborateur" de Sarkozy. Sa carrière de second tourne en rond. Juppé vieillit avec sa nostalgie.
Copé rechigne au rôle de porteur de valises. Il s'est établi à son compte. Sert, ou se sert de Sarkozy à sa fantaisie. Sa combativité rappelle l'impétuosité de Chirac à la conquête de Paris, au grand dam de Giscard. Copé roule pour Copé. Il n'a pas le profil du tout d'un petit lieutenant.
Fillon et Juppé n'étaient pas faits pour s'entendre. Le volcanique Séguin, mentor de l'un, rival de l'autre, se dressait massivement entre les deux petits lieutenants. Or Juppé, le factotum de Chirac, s'est plu à faire un geste de charité. Il sait Fillon, éternel numéro deux, en demande de protection.
Juppé soigne sa vanité. Question d'étiquette, de respect des hiérarchies. Question d'identité des grades. Juppé n'est pas sans ego: il ne parle qu'à ses égaux. Le coup de main de Juppé à Fillon s'interprète comme le dialogue de deux excellences, de deux anciens premiers ministres, de deux grands hommes à gloire similaire. La conversation au sommet excluait Copé, à moindre pedigree.
Mais Fillon et Juppé ne sont pas des chefs. Ce sont des présidents de commission. Juppé n'a jamais pu s'affranchir de Chirac. Fillon demeure le "collaborateur" de Sarkozy. Sa carrière de second tourne en rond. Juppé vieillit avec sa nostalgie.
Copé rechigne au rôle de porteur de valises. Il s'est établi à son compte. Sert, ou se sert de Sarkozy à sa fantaisie. Sa combativité rappelle l'impétuosité de Chirac à la conquête de Paris, au grand dam de Giscard. Copé roule pour Copé. Il n'a pas le profil du tout d'un petit lieutenant.
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