vendredi 4 avril 2014

Un Coeur Simple

La joue d'Abdelwahed se situe dans la diagonale du soleil. Il secoue la tête comme un cheval disperse les mouches de son encolure.
Il jette sur la table un petit bout de papier manuscrit. Au hasard, comme un dé de courtoisie. Il me fait signe d'en déchiffrer la teneur. Il est écrit Un roi de passage. A la ligne, je lis Une femme aux tâches urgentes. Je plante l'index sur elle.
Sa figure croise la lumière de la rue. Elle s'approprie le sourire du soleil. Abdelwahed parle lentement sans s'arrêter pour autant. Son récit échappe à la convention des villes.
Il m'égare dans Itzer, au milieu du désert. Je comprends peu ce qui m'émeut. Il est question de nourrice et d'un fils, de la mort dans un regard.
Je ne comprends rien. Pas un traître mot. Sauf que j'imagine la Félicité d'Un Coeur Simple.

jeudi 3 avril 2014

Le mécano du pédalo

Pas de cap, mais des pactes. Le capitaine de pédalo longe le sable blond. Bruxelle gîte au diable, derrière l'horizon. Les maquignons des commissions topent à la foire aux bons mots. On empaquète les pactes dans du papier de publicité: solidarité, responsabilité.
Pas de vision, mais des chocs de simplification. Le devoir de raison interdit les hallucinations. Il prescrit la réunion comme forme de gestion. Anatole et Théodule, vieilles figures gaulliennes, sont les Bouvard et Pécuchet du régime, les copistes zélés d'innombrables comités.
Les partisans de Valls ont l'esprit dansant. Ils se prétendent valseurs. Manuel ouvre le bal. Le roquet rocker aboie, tournoie. Marie-Ségolène s'invite avec Rebsamen. Les thuriféraires du pépère changent de ministères comme de cavalières.
Manuel est le mécano du pédalo. Il rafistole le rafiot. Il concocte un pacte. Pas de révolution. Seulement des ronds dans l'eau.

mercredi 2 avril 2014

La couleur du dollar

Valls-hésitation des Verts à moitié vides, des Verts à moitié pleins. Vides de scrupules et pleins de petits calculs.
Ils se jalousent tous. C'est le parti de la couleur du dollar. L'écologie n'a pas d'autre songe que l'épicerie. La chefferie verte se chamaille pour une place au soleil. Elle convoite les émoluments et retraite de ministre de gouvernement.
Les déjà couronnés - Duflot et Canfin - ont satisfait l'objectif de monnaie privilégié. La politique de la chaise vide leur convient car ils ont le ventre plein. Ils se sont servis en premier. Mieux Placé.
Les Verts sont de petits hommes terre à terre. A l'approche des picaillons, ils s'empourprent, virent au vermillon. Le peuple est rouge de colère. Il en est même bleu.

mardi 1 avril 2014

L'oeillade catalane

Retour du petit teigneux. Exit le grand placide marmoréen. Les couleurs du poste ont bougé. Le blanc menhir à sourire soviétique n'imprime plus sur la télé numérique. L'image a foncé, la silhouette s'est tassée, l'action se précipite.
Jean-Marc n'a jamais marqué. Manuel soigne l'oeillade catalane. Hollande a besoin d'un Espagnol pour les vendanges. Le petit noiraud fauche à Ayrault le dossier de la croissance zéro. La boîte à outils du pépère n'a guère servi. Valls donnera un tour de vis.
Ayrault ressuscita Jospin le parpaillot. Valls endosse les oripeaux de Sarko. Retour d'Astérix. Les petits mordillent les chevilles des grands.

lundi 31 mars 2014

Le peuple pinard

La droite a envahi le pays, annexé les communes à clochers comme la sainte Russie la Crimée. La gauche s'est retranchée à Paris, barricadé à Lyon, réfugiée à Lille, camouflée à Nantes, dissimulée à Strasbourg.
Dans les partis, on truque les urnes. On tronque le scrutin. Aubry et Copé s'autoproclamèrent rois avant même le décompte des voix. La fausse démocratie est une sagesse d'énarchie.
On ne se méfie jamais assez du peuple mal votant. Trente-six mille édiles sont au trente sixième dessous. Le nombre de communes donne le vertige. Il égale presque la circonférence en kilomètres de la petite planète.
A l'inverse de Picasso, le peuple du dimanche "met du bleu quand il n'a plus de rouge". Au mercato des localités, la droite a bourré son panier, fait le plein de municipalités. Le terroir d'Eluard est bleu comme une orange.
La désaffection pour le rouge vient de la pauvreté de la bouteille. La vinasse socialiste n'était pas buvable en l'état. La gauche pieuse a versé de la piquette dans ses burettes.
Sur le perron de Matignon, une officiante le confiait récemment à la sourde oreille d'Ayrault: "La cantine du président est dégueulasse". La gauche caviar fait la fine bouche. Elle a compris le message d'un peuple pinard.
 


Entre nous et les lignes

Je le lis. Mais c'est lui qui parle. J'entends la musique entêtante d'un revenant. Je n'ai pas peur d'une voix intérieure. Flaubert murmure à mon oreille. Nous partageons un même pupitre.
La société interdit de bavarder. L'école réprime la parole. Gustave grondé se tait, les bras croisés. Il cause au papier, égrène ses mots currente calamo.
Je coudoie l'écrivain comme s'il était mon voisin. Ses graffiti n'ont pas vieilli. Flaubert est très vert: il a l'âge de ses bavardages.
De son corps de gaillard subsiste l'écho nasillard de son art. La mort n'a pas coupé le sifflet de Cruchard. Entre nous et les lignes communiquent les petits signes.
L'homme de style ne veut ni marmaille ni disciple. Il fignole un bouquin. Il laisse en rade un peuple d'orphelins.

vendredi 28 mars 2014

Gros Index

Il fait beau. A la terrasse d'un café, un drôle d'oiseau cherche ses mots. L'aîné s'échine à domestiquer sa machine. On dirait qu'il écrabouille une fourmi, une coccinelle, une bête à Bon Dieu. Il est lent à pointer l'index meurtrier.
Le vieux tromblon traîne son doigt sur un petit violon. Il balance sa trogne à la Michel Serres à mesure qu'il cogne sur des bestioles de misère. Il se distrait avec l'alphabet d'un clavier. Le scribouilleur d'écran manie Twitter en grand père percutant.
Gros Index songe à Petite Poucette. Il a fait son temps de chef hurlant. Gros Index tremblote plus qu'il ne pianote. Il pratique Internet à l'aveuglette, en presse la gâchette d'un doigt d'ancêtre.