jeudi 3 décembre 2009

Un homme de goût

On se presse les uns contre les autres. Les gens se dévisagent. Les pelures se frôlent comme des carapaces de crabes. Pierre Staudenmeyer, marchand de beauté intérieure, est honoré à sa place, dans le faste d'une demeure du Marais. Il vit par des bouts de textes sur des pans de mur. Les objets de pareille aventure se recueillent dans un silence dessiné, un retrait coloré. Un homme de goût s'est absenté pour de bon, sans faute.
Je serre la main de son ami vieilli. Il immobilise mes doigts dans les siens, ne lâche pas. Les mots sont mal dits. Les lèvres remuent vite, au moindre signal. Le contact de peau émeut davantage, emprisonne l'émotion, broie l'effusion. Il touche à l'illusion d'un temps qui s'arrête. Les vivants s'habituent à passer un mauvais quart d'heure.

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