vendredi 29 octobre 2010

Rire

Rire est une défaite du sens, des mots, du discours raide. Le rire éclate là où la phrase échoue. Louis Noguez parle de "grommellement de plaisir amplifié" (Le Monde du 30 octobre 2010). Nous sommes dans l'inarticulé, dans le primal radical. Comme le cri, le rire manifeste une surprise dans un éventail de registres qui va de l'horreur au bonheur.
Sa réactivité est instantanée. Le rire répond du tac au tac à l'événement risible. Il calque son immédiateté sur l'objet d'allégresse, jailli de nulle part, étonnamment imprévisible. Le rire invente sur le champ sa parade éclatante. D'où cette bouffée d'oxygène, la fraîcheur baptismale du rire. Le rire est une respiration de haute montagne, une sorte de joie sonore, libre comme l'air.

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