mercredi 27 octobre 2010

Moncorgé l'écorché

Gabin massif, récif des vieilles valeurs, marmoréen, tanné par le grand air, tassé sur sa légende. Taiseux dans la vie, grogne rentrée et bouche cousue, volcanique au cinéma. Gabin, le Depardieu des Trente Glorieuses, jette sur la vie son regard bleu de vieux bandit. La rudesse de l'homme voile une délicatesse de danseuse. L'amant de Dietrich, l'ami de Ventura, joue la comédie sans tricherie. La grande gueule est pacifiée par un rêve paysan qui lui tape dans l'oeil, inaccessible étoile.
Matthias le fils raconte bien les coups de sang du patriarche, à deux doigts de la gâchette, devant les casseurs d'imaginaire. Il meurt en vieux con, magnifique, sanglé dans ses silences. Moncorgé l'écorché ne crachera pas le morceau. Mardi soir sur France 2, on s'est décoiffé devant le patron d'une génération.

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