mardi 6 novembre 2018

Ecrivain pour mulots

Dominique de Roux nous manque cruellement. L’écrivain fulgurant s’en serait donné à cœur joie. Le pétillant pamphlétaire, qui s’était délecté du Servan-Schreiber de L’Express (« Contre Servan-Schreiber », Balland, 1970), se serait régalé avec le petit président des selfies ahuris. Macron, l’ami des chasseurs, a trouvé un terrier de braconnier pour un scribouilleur de terroir : le Panthéon, la pantalonnade du Panthéon.
Macron aime s’écouter discourir, rue Soufflot. Il s’imagine bonimenteur hybride, à la fois de Gaulle et Malraux. Au Panthéon, il flanque l’auteur de « Raboliot » et sa cargaison de récits solognauds. Dans « Immédiatement » (Bourgois, 1972), recueil de pensées sauvages, le grand écrivain exécute en trois mots le brave chroniqueur des tranchées : « Maurice Genevoix, écrivain pour mulots ». Dans les belles lettres, Dominique de Roux est notre meilleur fusil. Ce genre d’artiste exerçait son métier avec une virtuosité de premier ouvrier. Il tuait sans blesser. Genevoix n’a pas souffert.

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