A
Louise Colet, le 8 août 1846, Gustave Flaubert écrivait : « De toute
la politique, il n’y a qu’une chose que je comprenne, c’est l’émeute ».
Le
petit élève de Ricoeur, premier de la classe, est loin de « l’idiot de la
famille » magistralement dépeint par Sartre. Le jeune auteur de Révolution, expert en radicalité, est
interrogé par le spontanéisme de la révolte. On dirait une poule devant un
couteau. Cadre pas avec la retape des start-up. L’ancien khâgneux se cogne aux
ruades de la rue. Il n’a pas lu Camus, « le philosophe pour classes
terminales ». Ou en diagonale. L’axiome de L’Homme Révolté ne l’a guère ému : « Je me révolte donc
nous sommes ». Pas assez
jargonneux pour un révolutionnaire à lendemain radieux.
Or
les gilets jaunes accomplissent une solidarité éruptive, réunissent de manière
instantanée tous les damnés de la précarité, vidés d’office des banquets de
l’Elysée. La belle allée triomphale de Paris est devenue le théâtre ouvert des
exclus, le lieu des barricades et du tohu-bohu.
Le
disciple de Ricoeur, spinoziste à ses heures, a réveillé « les passions
tristes » du peuple, ses rancœurs et son ressentiment. L’injustice, qui se
revendique tête haute, sécrète l’émeute jusqu’au sacrifice. Il y a du rouge sur
les gilets.
Les
marcheurs du pouvoir, virtuoses des marchepieds, clament urbi et orbi qu’ils
entendent la longue plainte des miséreux. Ils se précipitent dans l’empathie.
La détresse attendrit ses pathétiques dames patronnesses. « Assez
d’écoute, des technocrates ! ». « Assez d’actes, des
paroles ! ». L’impéritie se traite par l’ironie.
Au
départ du grand ratage présidentiel, il y a la confusion d’esprit érigée en
modèle d’habileté. La stratégie du méli-mélo prétendait se substituer à la
logique d’Aristote et à son principe
du tiers exclu : A et non A ne sont pas compatibles. Rien de moins.
Le
désordre de la pensée se répand sur les chaussées. A désorienter un peuple, on
s’expose au tumulte. L’exemplarité est d’un terrible effet.
Depuis
peu, le fringant politicien se recommande du populisme, use sans vergogne du
vocabulaire le plus publicitaire, plébiscité par l’opinion en colère. Bibi le
populiste change de pied au gré de ses fantaisies les plus opportunistes. Il se
plaît aux conversations de coin de foule comme un bourgeois aime s’encanailler
au plus près de la pauvreté. On appelle cela : « le terrain ».
« En prison pour cause de médiocrité !" (Le roi Ferrante dans La Reine Morte). La tirade de Montherlant lui va comme un gant.
« En prison pour cause de médiocrité !" (Le roi Ferrante dans La Reine Morte). La tirade de Montherlant lui va comme un gant.
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