lundi 10 mai 2021

La guerre

La guerre. Quand j’étais petit, les anciens ressassaient leurs souvenirs de maquis. J’entendais des maximes sommaires nourries de nostalgie militaire : « Vous, les jeunes, ce qui vous manque c’est une bonne guerre ». A l’époque, le chahut de Cohn-Bendit fit l’affaire. Malraux parla de « monôme ». Un idéal. « Un grand dessein » de général. Une raison de mourir. Une guerre. Or la denrée est introuvable, inconnue des stocks, l’article ne figure pas en magasin. Depuis des décennies, on bute sur la panne de projet. Le virus de Chine comble un vide. Il distribue de la peur, offre une guerre aux jeunes, donne une mort, le coup de grâce aux vieux. D’habitude, c’était l’inverse qui prévalait. On comptait les enfants, les fils de vingt ans, leurs corps meurtris dans les cimetières à crucifix. Le chef des armées a défini les lignes, première, deuxième, troisième, ajusté le calendrier des échauffourées, fixé l’agenda de la victoire. Une guerre ne suffit pas. Une guerre bis est déclarée contre le cannabis. Elle se surajoute au lancinant casse-pipe contre les égorgeurs d’Islam. Le pétillant baroudeur de Tourcoing, mentor à coups de menton, escamote la difficulté, fait des policiers les soldats des cités. Mais qui nous bassine encore que l’Europe préserve des bains de sang fratricides ? On a trois guerres sur le dos. L’arme nucléaire pèse peu. Et toujours pas de grand dessein dans le viseur des fantassins.

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