jeudi 30 octobre 2008

Le chancelier Cowl

C'était au temps lointain des cinémas de quartier. Les dimanches de pluie enseignaient l'ennui aux enfants des cités. Un pianiste dans la salle accordait sa musique aux images animées. Sur la scène à l'entracte, un prestidigitateur escamotait une tourterelle avec un entrain de mousquetaire. En pleine guerre d'Algérie, Darry Cowl osait la loufoquerie. Dans les cours de récréation, on s'essayait à zézayer. La fraîcheur et la grâce de Darry Cowl ensoleillaient nos hivers obéissants. On se souvient du triporteur comme d'une blague de side-car. A la fin du voyage, les académies l'honorèrent. On était ému par sa maigreur, son visage émacié aux grands yeux écarquillés. Avant-hier Francis Blanche, hier Jean Poiret. Aujourd'hui Darry Cowl. Les rois du rire sont des oiseaux rares. Ils bafouillent une fragile poésie. Darry Cowl en était le dévoué serviteur, le ministre lunaire, le chancelier fou à lier. C'était le chancelier Cowl.

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