mercredi 29 janvier 2014

Cahier Simone Weil

Je suis curieux de ce qu'écrivent René Girard, le sanglier d'une même idée, et Michel Serres, le renard à mille pensées. Je crois bien que je possède l'intégralité de leurs écrits publiés.
Les volumes des deux hommes se côtoient dans l'entassement d'une bibliothèque. Je dispose, en chiens de garde sur l'étagère, de leurs Cahiers de l'Herne, raides et quadrangulaires.
J'ai en mémoire Dominique de Roux, son profil d'oiseau de proie, Maison Jaune, ses livres à L'Age d'Homme, rue Férou, la somptueuse griffure d'une littérature.
Dans une librairie de grand fouillis, je gravis l'escalator aux écailles d'alligator. Je gravite autour d'un présentoir comme un chien à la recherche d'un territoire. La stature du Cahier de L'Herne s'impose aux bigarrures modernes. Simone Weil. Celle dont parle Bataille dans Le Bleu du Ciel.
Simone Weil figure dans la haute collection à format médiéval. Le nouveau Cahier accueille les textes d'Aron, Bobin, Camus, Cioran, Lévinas, Marcel, Maritain, Ricoeur.
Je remarque les entretiens avec Girard et Serres. J'ai hâte d'accomplir mon désir. J'ouvre le gros bouquin couleur d'ivoire.
Girard est interrogé, ô surprise, par moi, avenue de la Bourdonnais. Je frappe à sa porte. Le silence m'effraie. Je sens une présence de prophète. C'était du temps de Matulu, petite gazette littéraire, vite naufragée. L'entretien date du 24 juin 1987. L'éditeur du Cahier l'a déterré d'un grenier désordonné.

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