mercredi 22 janvier 2014

Sa propre boue

L'hygiénisme accorde un rabiot. Il fabrique du vieillard. L'hygiénisme réunit deux artistes monstres. Il est flanqué sur la route de Proust et Céline. Ils chemineront de conserve jusqu'à leur dernière saison.
Robert, père de Proust, est un médecin hygiéniste dont le renom excède le canton. Louis-Ferdinand Destouches - dit Céline, du nom de sa grand-mère - est docteur de l'horreur, médecin du pauvre, toubib de la plèbe, généraliste du désastre.
Il a fait ses classes, rédigé une thèse sur Semmelweis, l'étudiant hongrois né à Buda, découvreur des mains sales de la fièvre puerpérale.
Et si Proust et Céline avaient voulu faire le ménage dans la poussière du siècle, s'étaient désignés pour nettoyer la langue au plumeau, avec d'autres mots ?
Céline et Proust font rutiler l'argenterie. La littérature est leur propriété. Elle brille de propreté. La proximité des deux mots redouble la parenté des deux scribes. Ils sont officiers de santé à longueur de cahier.
Le style, c'est la propriété d'un crachat, le propre de soi, une salissure d'auteur. Le style fait son trou avec sa propre boue.

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