jeudi 25 février 2021

A l'aise Blaise

L’Etat impose une peur, s’identifie au gang des saucissonneurs. Il ficèle à domicile un peuple indocile. L’Etat encabane, fourre une nation entière en détention solitaire. Il cloître les corps sains, les malades aussi bien. Il engrange du virus dans d’étroits espaces. Un dieu médecin reconnaîtra les siens. L’Etat distribue les rations d’incarcération. Les chefs se planquent derrière des couvre-feux. L’isolement s’apparente à un châtiment. L’Etat teste une torture contre nature. La stratégie d’un faux lazaret, mal compris, mène à la déréliction d’une nation fragmentée. L’exercice du for intérieur est un art élitaire, pas l’expérience digestive d’un tourisme de masse. La politique d’enfermement ignore l’aptitude au recueillement, la capacité de retranchement solitaire de l’homme ordinaire. Ils font l’Ena, à dos de chameau, en possèdent la centaine de mots, consultent les mages d’hôpitaux, mais nul Théodule de comité n’a lu le Pascal des billets de cinq cent balles. Or Blaise est à l’aise avec l’actuel malaise. « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans sa chambre. » (Pensées, 1669). Exit le bruit et le remuement. La loi d’Etat dépouille de tout, sauf de soi.

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