jeudi 11 février 2021

Mieux qu'un monsieur

A la saint Valentin naissent aussi les écrivains. Jean-Luc Lagarce est de ma génération. Les deux tomes de son Journal, un théâtre, un style sont des émotions longues, des manières de ne pas mourir. Quelque part, Lagarce mentionne une phrase lapidaire, sait sa vérité de chair : « Sauf la souffrance physique, tout est imaginaire. » (Jacques Chardonne, Propos comme ça). Le jeune gauchiste s’émeut des textes de cristal d’un écrivain d’autrefois, joliment conservateur. L’art littéraire est une patrie qui réunit les contraires. « Je n'avais pas vu "Juste avant la fin du monde" au cinéma, ni au théâtre d'ailleurs. Dans le bidule devant mon lit hier soir, j'ai regardé ce que les marchands d'illusion avaient fait de Lagarce. Ce grand garçon de Besançon m'obsède par sa probité et son pacte avec la beauté. Son Journal est une merveille, il faut le lire et relire. Dans le film du jeune Canadien, la joliesse du visage de Gaspard Ulliel m'a intéressé. Bref, j'ai dîné en tête à tête avec Lagarce. C'est un type sérieux, "mieux qu'un monsieur", aurait dit Nicolas de Staël. Oui. Il faut lire la vie de Lagarce, au jour le jour. Rien de publié de son vivant, une ou deux pièces jouées sur une trentaine d'écrites. Dolan a du goût. L'ami de Lagarce est mon ami. » Ce texte est extrait de « A défaut d’écho » (5 Sens Editions, page 46, 2020). L’ouvrage est disponible à l’adresse suivante : https://catalogue.5senseditions.ch/fr/19_christian-de-maussion

Aucun commentaire: