mercredi 3 février 2021

Simone Weil

3 février 1919, Simone Weil voit le jour, verra autre chose, les flétrissures d’une culture, verra jusqu’ici, la maladie du déracinement qui ravage notre temps. « 4 août 1943, à l’âge du Christ et des poussières, Simone Weil griffonne ses derniers mots, dernières lettres, libres propos de sainte, de Londres à ses parents. Avant d’être quitte, dans l’abîme d’une mort silencieuse, Simone Weil endosse l’habit d’humilité, ultimes instants de terre. Dans sa lumière crue, la parole de Thérèse, « la gloire de n’être rien », drape la sublime intouchée du manteau de Martin. Ces lignes esquissées à la diable disent la joie des beaux jours, la gaieté mozartienne d’un été sans mesure. « Les jours chauds sont revenus, coupés d’ondées torrentielles…Le soir, on danse en plein air dans les parcs ». A pleine joue, la vie exulte, jeunesse de sang : « C’est une petite fille de dix-neuf ans, fraîche, saine, jolie, très gentille, qui vient faire le ménage. » Simone regarde intensément, se mêle du monde du mieux qu’elle peut, voit vibrer la beauté dans son élan animal. Libre comme l’air et dans la main de Dieu, humainement tenue au plus proche, au plus pauvre, ruisselant des crachats. D’Artaud, frère de cri : « La faim n’attend pas, courir au plus pressé, donner à manger à tous. Qu’est ce qu’il reste ? Où gît le problème ? » De l’homme, cette étoile du néant, la fiancée de Dieu voit la misère, accourt au fou. Simone Weil écoute inlassable les insanités des hommes seuls, entend la vérité de qui mendie la raison : Roi Lear ou regards peints de Velasquez. Inclassé, hors je de société, loin des menteries de trop humaine comédie, le fou fait un grand signe de terre, la vérité au bout des lèvres, rosée blanche de printemps. » Ce texte est extrait de « Dancing de la Marquise » (5 Sens Editions, pages 36/37, 2020). L’ouvrage est disponible à l’adresse suivante : https://catalogue.5senseditions.ch/fr/poesiereflexionpamphlet/322-dancing-de-la-marquise.html

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