vendredi 28 mars 2025

La coiffeuse d'Arras

De Gilberte, Proust écrivait qu’elle n’était « pas son genre ». Un film du même nom embrouille mes idées, m’émeut à mesure qu’il empoigne et pince mon attention. J’aime les coiffeuses parce qu’elles sont insoucieuses, affriolantes, légères et libres comme l’air. Elles vivent debout dans leur salon. Jennifer est mon style de beauté. Emilie Dequenne est une fille simple. A cause d’une plissure de joue fraîche, d’une figure si ronde, d’une moue lumineuse de sublime gamine. A cause d’un sourire. La coiffeuse d’Arras hante les heures d’un lecteur de Kant. Elle revêt les parures et attributs d’une adorable idiote. Elle illustre un principe d’écriture, une règle de beauté suffisante, un axiome d’éclat d’album, un postulat de flagrance et de fracas. Flaubert rôde aux abords du salon. Un livre, un visage. Sur rien. A la seule force de son charme. Une actrice est morte. Jennifer s’est volatilisée sans laisser d’adresse. L’émotion est le seul domicile connu où repose Emilie Dequenne. Après, à côté de Girardot. Jennifer tord son corps, crispe ses doigts, fixe un ciel étoilé, extrait le niveau sonore d’un chair, s’étourdit dans une nuit perpétuelle de karaoké.

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