samedi 1 mars 2025

Un moment du faux

Sur Tiktok, j’observe la figure clownesque du monarque en toc. Macron s’adresse à moi : « Ce que je dirais à Donald, c’est facile. C’est pas toi, ça, Donald. Pas du tout. Pas le vrai Donald ». Je zappe. Trump tape, rougeoie, éructe au micro : « Zelinsky est un dictateur ? J’ai dit ça moi ? » LE VRAI EST UN MOMENT DU FAUX. C’est Debord qui énonce pareil axiome dans « La société du spectacle » (Buchet-Chastel, 1967). Manière d’anticiper le pâle « en même temps » du président Macron. Le sémillant chef d’Etat balaie d’un mot la logique d’Aristote. Il considère que A et non-A seront désormais compatibles, tant qu’il sera locataire du palais. Le jour et la nuit, il en fait son affaire, c’est du pareil au même. Donald et Manu s’entendent comme larrons en foire. Trump a identifié « le petit malin » à Washington. Il ment, c’est sa nature, aussi sincèrement qu’il tapote une omoplate. Le vrai est un moment du faux, disais-je après Debord. Autrement dit, la vérité cesse d’être fondée. Elle n’est plus qu’une facette de son contraire. Elle appartient au mensonge. Le vrai s’est retranché dans la seule et divine mathématique, la science la plus dure, la science par excellence. Le vrai s’éprouve aussi, mais autement, dans un corps, dans une sensibilité, dans un monde de passion et de souffrance, diamétralement opposée à la lumineuse géométrie. Ressentir interdit de mentir. Le vrai de la raison et le vrai de l’émotion s’inscrivent au patrimoine de notre condition humaine. Bref, la vérité ne sort, ni de la bouche de Donald, ni de celle de Manu, ni de celle des enfants. La parole véhicule le bobard avec naturel. C’est l’outil de travail de l’histrion, le mode d’expression de l’art théâtral. Celui d’Esope qui prononçait mais n’écrivait pas ses fables.

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