Fillon use d'un style de premier communiant. Style est un grand mot. Il sifflote dans ses bottes. Il s'enquiquine en attendant que le quinquennat passe. Houellebecq, calfeutré dans sa pelure, a marabouté le comité de lecture. Littérature et politique sont en fin de cycle.
vendredi 12 novembre 2010
Houellebecq et Fillon
Ni Houellebecq, ni Fillon ne sont gais comme des pinsons. Le succès ne les grise que moyennement. Fillon sait la mélancolie du désoeuvrement. Houellebecq sent bien l'inanité de ses démangeaisons de bic. Fillon trouve le temps long. Il sera veilleur de nuit, gardien à vie de la maison Sarkozy. Houellebecq n'invente rien. Il tourne le dos à la joyeuse vitalité des mots.
Pénélope
Borloo a sans doute eu la berlue. Il s'est imaginé grand vizir de Sarkozy. Or Fillon verrouillait de l'intérieur l'accès à Matignon. Sarkozy modifie la consigne. On rature la rupture. On continue dans le connu. Exit Borloo, ce zozo à bords flous. Mais Sarkozy pèche par manque d'audace.
Dans la famille Fillon, j'aurais choisi Pénélope. Remanié avec Pénélope aux manettes. A l'heure des embrassades franco-britanniques, la vaillante Galloise disposait d'atouts majeurs. A commencer par un talent supérieur à celui de son François pour "inaugurer les chrysanthèmes".
Renvoyé à ses chères études de Formule 1, François se serait coincé les vertèbres dans l'habitacle des bolides du Mans. Il aurait pu arpenter ses terres sarthoises, chasser la perdrix, claquer des cartouches derrière ses roux setters fous.
Non. Fillon est indéboulonnable. Il ne détellera qu'à 67 ans, l'âge de sa retraite pleine. Il lui faut du temps pour ne rien faire. Car, sous Sarkozy, on se la coule douce à Matignon. Et le job est correctement payé.
mercredi 10 novembre 2010
Croc-Matignon
C'était son heure. Il avait renoué avec son coiffeur. Il rêvait de multiplier les Grenelle.
Patatras ! Sarko l'abandonne en route à ses cauchemars de raffinerie. Sarko exploite le filon Fillon jusqu'à la corde. Borloo montre ses crocs. La menace du centre vient de l'ingratitude du ventre. Mais l'homme de croc-Matignon, le vrai, l'unique, c'est le notable de la Sarthe, le fêlon Fillon. Sarko a décidé de le remanier de l'intérieur, de lui apprendre à sourire en inaugurant les chrysanthèmes. Manque pas de souffle, le quinquennal Fillon.
lundi 8 novembre 2010
Pensum du Rhum
Barnum du Rhum. Des coques font des ronds dans l'infini. Les hommes du Rhum s'inventent des palmarès sur l'océan. Ce Dakar des eaux colonise la vaste nature pour ses jeux de hiérarchie. Au classement des éclaboussures, l'argent roi gonfle les voiles.
Bravoure et baroud d'honneur font gentiment rêver les fonctionnaires de la terre. L'empoignade des hommes à dossard élargit encore davantage l'homérique "sourire innombrable" des eaux. L'Atlantique se fend la gueule. Le pensum du Rhum prend fin dans un délire de petits fanions et de vin pétillant.
Aujourd'hui à midi
Temps de novembre. La pluie égratigne. On dérive sur l'asphalte dans un monde noir et blanc. On évoque la mort de De Gaulle. C'est son heure publicitaire. Nul ne songe à écailler sa mémoire. La grisaille est hissée sur les murs de Paris, manière de se recueillir aux couleurs de Colombey.
Je suis dans mon élément. Je grogne à la première approximation du premier expert en grand Charles venu. Oui, de Gaulle affectionnait les référendums, soucieux du peuple et de sa légitimité. Le ratage du dernier n'entama pas sa bonne humeur. Il sifflotait dès le lendemain nous instruit son aide de camp. J'enrage à voir mon "Sur les épaules de De Gaulle", interdit de publication.
Je voudrais qu'on sache que le génial général était un artiste monstre. La manière dont le grand homme congédie le président est sublime. L'adieu politique est irrévocable, pareil à la prise d'habit religieux: "Je cesse d'exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd'hui à midi". Facile à retenir, simple comme bonjour.
jeudi 4 novembre 2010
Election, contrition
Obama se repent. Battu aux élections, il fait acte de contrition. L'Amérique est une nation religieuse où bondieuseries et communication s'entendent comme larrons en foire. Obama pratique un mea culpa de bon aloi.
La repentance s'apparente à une sorte de droit à l'erreur revendiqué. L'imploration du pardon du peuple évoque aussi la relation de clientèle, l'exigence de service du monde marchand.
En chef d'entreprise responsable, Obama se soumet au verdict d'une demande insatisfaite. Au vu des retours et des invendus, il modifie son offre. Bref, le président américain mélange deux genres solidement enracinés dans la culture nationale - le religieux et le commercial - pour mieux sauver sa face politique.
En d'autres temps, les leaders du monde se seraient refusés à pareil mea culpa pour mieux fustiger l'électeur ingrat. On prête à de Gaulle le mot de "veaux" pour désigner ses compatriotes. Le même chef d'Etat, désavoué par référendum, n'hésita pas une seule seconde à prendre ses cliques et ses claques.
mardi 2 novembre 2010
Incarnat
Noirceur de Toussaint. Journée ténébreuse où la mélancolie se lit dans les yeux de Dieu. Sauf la lumière, par saccades, qui désaltère la terre. Les pommiers rougeoient dans l'aurore. Leur chevelure fauve rayonne d'un muet soleil.
C'est ce rouge de vigne vierge qui donne au paysage d'automne son intensité de feu, cette vibration heureuse. En pleine joie, l'incarnat du feuillage chasse les vieux jaunes délavés du matin, mauvais brouillard d'impiété.
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