A même enseigne que le privilégié de l'Elysée, le malletier Vuitton - lit-on - est épargné par la crise du pognon. Il organise avec minutie le rationnement des articles. Pas plus d'un sac en crocodile par cliente. L'offre est bousculée, brutalement chahutée par la demande. Pareille rupture des stocks de luxe choque autant que l'infantile dolce vita des Sarkozy-Bruni.
mercredi 8 décembre 2010
Dolce vita
Au sommet de l'Etat, l'intermittent du jogging évoque "la dolce vita" d'après-mandat(s). La misère crie sous ses fenêtres. Les mendiants s'enracinent sur nos trottoirs. On dirait des mouroirs à ciel ouvert. La crise des moyens de subsistance s'installe au-delà de la seule rudesse de l'hiver. La pauvreté relève du développement durable. Elle se terre dans sa douleur. Elle se mure dans son murmure. Or l'indécent président, au parler si violemment vulgaire, se soucie des souffrances de France comme d'une guigne. Il appartient au monde enchanté du caprice princier. Il parle de son bon plaisir à l'heure où les gens désespèrent de l'avenir.
mardi 7 décembre 2010
Transparence
La transparence de l'information est le degré zéro de sa valeur. L'éclairage obscène de la vie publique dégrade la capacité d'imaginer. Jamais l'étalage d'un huis clos ne construira une vérité. Car la transparence ne vise pas la vérité mais l'égalité. Il s'agit de niveler l'accès au prétendu savoir.
Cette civilisation de la transparence - que WikiLeaks anticipe - s'arrange, sans grand dommage, avec le mensonge et la tricherie. La corruption n'est guère inquiétée par la démangeaison actuelle de clarté, le prurit contemporain de pureté. Elle vit même grand train sa vie.
Reste que la demande frénétique de transparence - qui rejoint l'intense déballage d'intimité des réseaux sociaux - traduit le besoin d'en finir, une fois pour toutes, avec l'aristocratique secret.
Car le secret est conservateur, par essence. Il se garde. C'est pourquoi il excite l'imagination, il avive la jalousie. Le secret vaut à ne jamais s'éventer. Il attise ainsi le feu du désir.
A vouloir découvrir le pot aux roses, la société s'expose aux déceptions moroses. Sans secret, les passions s'étiolent. La transparence coupe net l'élan de la volonté de savoir. Elle montre un roi nu, des rois nus, des flux de rois nus. La rage de dévoiler escamote le réel. La transparence s'accompagne d'une livide inconsistance. A ne plus savoir quoi désirer, les hommes sont alors guettés par une égale indifférence.
lundi 6 décembre 2010
Miss France
La Côte d'Ivoire compte deux présidents. Nous avons trois Miss France: l'officielle, l'officieuse et la vraie. Si la légale est Bretonne et l'élue de Madame de Fontenay Provençale, la seule légitime est Poitevine. Elle s'appelle Ségolène Royal. Elle prend la lumière mieux que personne. Elle ne rêve pas de passer la nuit au Crillon mais au moins cinq années à l'Elysée pour exercer sa fonction. Ségolène Royal cumule les mandats: Miss France, Marianne et Présidente. Ceux qui font encore semblant de l'ignorer sont des jaloux congénitaux. Maintenant, il appartient aux trois imposteurs de démissionner: pas seulement les reines d'un jour, Sarko aussi. A eux de bien réfléchir car ce serait insultant que l'ONU dépêche un émissaire pour veiller au respect de la démocratie dans notre pays.
Jeanne et Jean
Il est des jours où la coul
eur fait mal aux yeux. Trop de stridence chromatique casse les oreilles. On se réfugie alors dans un passé de luxueux films aux ombres ouvragées. Le noir et blanc repose des cris de couleurs vives. Il apaise jusqu'au son des dialogues.

On entre dans La Baie des Anges, l'oeuvre de Jacques Demy, comme dans une église. Le mot est de Jeanne Moreau, alias Jackie, à moitié paumée, blonde créature rejetée de la vie, égarée sur la Riviera. Il évoque le rituel des salles de jeu aux heures sans soleil. On se décoiffe dans un casino:pas besoin d'écouteurs, de casque ou de fils pour jugulaire. La liturgie de la roulette enivre comme le goût persistant d'un vin voyou. Demy s'applique. La tête du (télé)spectateur tournoie comme la bille des rouges et des noirs. C'est un film à la Rimbaud qui fixe des vertiges. La litanie des numéros sortis rythme le récit telle la ritournelle d'un jeu de marelle. La maladie du jeton est peinte avec une juste affection, un charme secret pour les embellies du hasard.
On s'émeut de Jeanne et de son addiction, de Jean et de son improbable diction. Mais le plus beau réside dans le "Jean !" panique, cri de chair de Jeanne, détonation finale en plein coeur, dans le bleu du ciel aveugle. La suicidée du tapis vert dépose son arme, se convertit, rentre dans les ordres, s'enfuit du Négresco.
L'admirable fin rappelle La Peau Douce, le coup de fusil de femme trahie, à bout portant, sur Desailly, ou l'explosion solaire de Pierrot le Fou. Autant de derniers cris. C'est l'histoire de Jeanne et Jean, gens sans entregent, adonnés aux jeux vénéneux d'autres salles obscures, dans une ronde infernale ponctuée d'alcools forts.
Bouleversante soirée sur Arte. Dimanche à marquer d'une pierre blanche. Avec la joie de croiser la silhouette nonchalante d'un grand acteur de théâtre, Paul Guers, immense comédien si oublié depuis tant d'années.
jeudi 2 décembre 2010
Débandade
Chez les socialistes, l'homme est absent: il est à Washington. Les femmes sont restées au foyer. Martine à Lille dans sa famille. Marie-Ségolène, chez elle, au pays du chabichou. Comme les veuves de guerre ou les femmes de marin, elles gèrent le quotidien, élèvent seules, avec les moyens du bord, une marmaille effrontée. A vrai dire, la maison, rue de Solférino, est tenue par les grands frères, Harlem et Razzy. On ne se pose d'ailleurs même plus la question de Laurent: Qui va garder les enfants ? C'est la débandade. Les petits veulent ramener leur fraise, faire l'intéressant devant les caméras. Manuel et Arnaud, les plus turbulents, revendiquent déjà un statut de chef de famille. Manière de dealer par avance un peu de respectabilité. Il est temps que leur père rentre et remette de l'ordre à la maison. Dominique ne s'occupe pas assez de ses enfants.
L'allant des souliers
Regard blanc du ciel. Froid qui pique les peaux opaques. Le trottoir mazouté est déserté. L'allant des souliers martèle les destins contrariés. La lumière des aveugles interdit l'éclat de voix. L'heure est au recueillement des corps, aux gisants du dehors, au temps mort des grondements sonores.
mercredi 1 décembre 2010
A la Royal
Marie-Ségolène ne tourne pas autour du pot. Elle s'affranchit de la rue de Solferino. Elle prend au mot les brumeux oracles du calife du FMI. L'attentisme ne sied guère au genre de beauté de la diva du Poitou. Les primaires se joueront à la Royal. Autrement dit, dans son for intérieur: à la loyale. Marie-Ségolène piaffait d'impatience d'en découdre, de ferrailler en première ligne avec la droite indigne.
Marie-Ségolène insuffle une bouffée d'oxygène, donne un grand coup de pied dans le jeu de quilles politique. Elle garde sa fraîcheur intacte, son effronterie béate de première candidate. Elle sonne l'heure du ralliement à son panache blanc. En ces jours sans couleur, Marie-Ségolène fait rayonner son sourire de marchande de bonheur. Elle bourre sa hotte de ses meilleurs chabichous. Marie-Ségolène, reine de bravitude, est le petit soldat téméraire qui rompt le rang délétère du bal des hypocrites.
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