Cette civilisation de la transparence - que WikiLeaks anticipe - s'arrange, sans grand dommage, avec le mensonge et la tricherie. La corruption n'est guère inquiétée par la démangeaison actuelle de clarté, le prurit contemporain de pureté. Elle vit même grand train sa vie.
Reste que la demande frénétique de transparence - qui rejoint l'intense déballage d'intimité des réseaux sociaux - traduit le besoin d'en finir, une fois pour toutes, avec l'aristocratique secret.
Car le secret est conservateur, par essence. Il se garde. C'est pourquoi il excite l'imagination, il avive la jalousie. Le secret vaut à ne jamais s'éventer. Il attise ainsi le feu du désir.
A vouloir découvrir le pot aux roses, la société s'expose aux déceptions moroses. Sans secret, les passions s'étiolent. La transparence coupe net l'élan de la volonté de savoir. Elle montre un roi nu, des rois nus, des flux de rois nus. La rage de dévoiler escamote le réel. La transparence s'accompagne d'une livide inconsistance. A ne plus savoir quoi désirer, les hommes sont alors guettés par une égale indifférence.
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