Je pose mes yeux, les repose du rythme anxieux. La peinture fixe les tumultes, calme les tourbillons, épingle l'aile vive du papillon.
La peinture recrée de la vitesse, libère l'espace intérieur. D'entrée, l'oeil stationne en plein mur, côtoie la lumière qui chatoie. Il est ivre de la joie de voir. La télévision révèle et magnifie la toile. Mouette esquissée au bas du visage. Lèvres à peine rouges de Manet. Joues en feu d'une bouche bée.
vendredi 22 avril 2011
Negroni
La serveuse rigole. Jeune, vivace, à sa place. Fessier bombé cantonné dans un jean. Souriante oublieuse des cocas rondelles. Nous avons dévalé des pentes bosselées, introduit nos skis dans des rails de neige. La montagne saigne, à même le roc.
Il fait froid malgré le soleil roi. Les bambins à casque dégringolent en file indienne. Mes poignets ont rougi. Je commande un Negroni. L'alcool anglais ne fait qu'une bouchée de l'espiègle campari. Je bois sans loi. Transat à la terrasse du Fitz Roy. Je vole du temps au marchand d'agrément.
Il fait froid malgré le soleil roi. Les bambins à casque dégringolent en file indienne. Mes poignets ont rougi. Je commande un Negroni. L'alcool anglais ne fait qu'une bouchée de l'espiègle campari. Je bois sans loi. Transat à la terrasse du Fitz Roy. Je vole du temps au marchand d'agrément.
vendredi 15 avril 2011
Hulot et Galouzeau
Grand. Debout. Parlant. C'est la posture du prétendant. Hulot s'est jeté à l'eau. Il se situe dans la tradition du col ouvert "nouveau philosophe", dans la droite lignée du bronzage à l'année des publicitaires. Il disserte sur la terre. Il parle de planète aux martiens électeurs, gens de proximité, rivés à l'horizon des quittances, notes et autres dettes. Un léger tic au-dessus des lèvres s'invite au beau discours.
Villepin flamboie dans l'amour de soi. Il s'est retranché dans son coin presse. Il soliloque son projet, fonce vent du bas vers un retour de l'Etat. Villepin ferraille, asticote l'Elysée, rêve que le petit président détale comme un lapin. Nabab contre nabot. Hulot et Galouzeau n'ont pas froid aux yeux. En cas de panne oratoire, ils assurent le spectacle.
Villepin flamboie dans l'amour de soi. Il s'est retranché dans son coin presse. Il soliloque son projet, fonce vent du bas vers un retour de l'Etat. Villepin ferraille, asticote l'Elysée, rêve que le petit président détale comme un lapin. Nabab contre nabot. Hulot et Galouzeau n'ont pas froid aux yeux. En cas de panne oratoire, ils assurent le spectacle.
jeudi 14 avril 2011
Hôtel Bellecôte
C'est un espace carré que deux murs d'angle pourvoient en lumière. Chambre miniature, postée en sentinelle, à couleur miel de bois pêle-mêle, à portée des grandes fées des neiges.
Le soleil mordille le ciselé des sommets. Il se hisse jusqu'au bleu lisse des précipices. Il règne sur les lieux, domine les yeux. Il éblouit le dormeur du lit. Jour d'avril, se découvrent les doigts habiles d'une gracile majesté. La montagne luit d'un éclat venimeux.
Le soleil mordille le ciselé des sommets. Il se hisse jusqu'au bleu lisse des précipices. Il règne sur les lieux, domine les yeux. Il éblouit le dormeur du lit. Jour d'avril, se découvrent les doigts habiles d'une gracile majesté. La montagne luit d'un éclat venimeux.
Nourissier
Je musarde dans le gros volume de Nourissier. Lecture d'avant-dîner. J'ai cédé à sa mauvaise tentation. J'ai ressenti de la pitié suspecte pour le vieil homme défait. Jusqu'alors, j'étais dissuadé par l'ennui d'un visage. J'évitais sa barbante mélancolie.
"A défaut de génie" est un livre sans cérémonie, un manuel de coquetterie. Nourissier s'applique. Il donne un ultime coup de collier pour figurer sur la liste des épargnés. A corps perdu. Vain courage d'enragé. L'ancien compagnon d'Aragon n'est pas un grand fêlé des mots. Il n'est pas brûlé au dernier degré. C'est un bon serviteur, comblé d'orgueil et d'honneur. Il fait de son mieux. Il écrit juste, net et concis.
Il nous émeut à vouloir nous sourire un peu, du coin de ses yeux embués. Il parle comme personne de la maladie de Parkinson. Il cause du malheur, l'évoque de l'intérieur. Je lui dois d'avoir revu mon père derrière sa phrase lucide. D'avoir peut-être conversé avec lui, partagé sa longue douleur muette. Avant d'entrer, j'ôte mon chapeau.
"A défaut de génie" est un livre sans cérémonie, un manuel de coquetterie. Nourissier s'applique. Il donne un ultime coup de collier pour figurer sur la liste des épargnés. A corps perdu. Vain courage d'enragé. L'ancien compagnon d'Aragon n'est pas un grand fêlé des mots. Il n'est pas brûlé au dernier degré. C'est un bon serviteur, comblé d'orgueil et d'honneur. Il fait de son mieux. Il écrit juste, net et concis.
Il nous émeut à vouloir nous sourire un peu, du coin de ses yeux embués. Il parle comme personne de la maladie de Parkinson. Il cause du malheur, l'évoque de l'intérieur. Je lui dois d'avoir revu mon père derrière sa phrase lucide. D'avoir peut-être conversé avec lui, partagé sa longue douleur muette. Avant d'entrer, j'ôte mon chapeau.
mardi 5 avril 2011
Valéry Larbaud
Avant de partir vers un ailleurs trompeur, je me protège du chaos au dehors. Depuis trois décennies, je glisse dans ma poche "Fermina Marquez". Je me plais à la permanence sur ma hanche de la jolie Colombienne. La qualité de la villégiature importe peu. J'ouvre le mince écrit du styliste de Vichy, traducteur de Joyce. Je ne chemine jamais loin. J'abandonne. Je tombe de ma selle. Je chois dans l'ennui.
Je m'arc-boute sur la nouvelle de Larbaud. J'y reviens toujours. En mémoire de Staël. "Fermina Marquez" est le dernier livre lu par le peintre russe. Avant de sauter dans le vide, Nicolas de Staël a déchiffré ces lignes. L'éclatante apparition de Fermina a valeur d'épiphanie. Un jour, il faut que je sache. Il faut que me soit révélée la culpabilité de l'héroïne de Larbaud. Je ne désespère pas. Je sais guetter l'oiseau, à l'heure propice, quand les jours finissent.
Je m'arc-boute sur la nouvelle de Larbaud. J'y reviens toujours. En mémoire de Staël. "Fermina Marquez" est le dernier livre lu par le peintre russe. Avant de sauter dans le vide, Nicolas de Staël a déchiffré ces lignes. L'éclatante apparition de Fermina a valeur d'épiphanie. Un jour, il faut que je sache. Il faut que me soit révélée la culpabilité de l'héroïne de Larbaud. Je ne désespère pas. Je sais guetter l'oiseau, à l'heure propice, quand les jours finissent.
Un projet sans visage
Partition sans soliste. PSS. Le parti socialiste dévoile un projet sans visage. Il se caricature dans ses procédures d'appareil. A lire la feuille de route, l'Etat se requinque. L'Etat abrège sa cure de modestie. L'Etat reprend du poil de la bête. La dépense publique est sanctuarisée: elle jouit d'un statut de divinité laïque. Le déficit n'est pas considéré comme l'envers de la réussite. Le projet promet, la réalité s'entête.
Le projet se cherche un maître, une voix pour le faire connaître. Au fond: pas sûr. Car le projet est un cadre de contraintes, de mesures impérieuses, de recettes désincarnées. Or les prétendants au trône misent avant tout sur leur bonne tête. Avec le projet se termine l'épisode papier. On entre dans le dur. Commence la rivalité sanglante.
Le projet se cherche un maître, une voix pour le faire connaître. Au fond: pas sûr. Car le projet est un cadre de contraintes, de mesures impérieuses, de recettes désincarnées. Or les prétendants au trône misent avant tout sur leur bonne tête. Avec le projet se termine l'épisode papier. On entre dans le dur. Commence la rivalité sanglante.
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