J'ai fini La Tentation de saint Antoine. C'est un machin qui ne ressemble à rien. Flaubert l'a désossée trois fois avant d'être satisfait. J'ai lu de manière décousue. J'ai haché mes visites à l'ermite.
Flaubert hallucine, peint l'abîme, s'enivre de chimères. Il s'étourdit de fantasmagories. L'anachorète ne tombe pas du ciel mais d'une toile de Brueghel.
Antoine orne un mur à Croisset, dans le dos de Gustave, comme une photo de mairie. Sous la dictée du saint aliéné, Flaubert rédige une vision du monde, un conte oriental saturé de détails bibliophiles.
Il juche les dieux des hommes sur son podium. Les fait mouvoir comme autant de mannequins de sa collection d'hiver. Flaubert impose un train d'enfer au ballet des religions.
Il est le couturier des stars de l'Histoire, le façonnier des divinités de l'Antiquité, l'artificier d'un défilé d'idoles mortes. A la fin, Antoine n'est tenté par rien.
L'homme du désert se terre dans la matière. Flaubert bricole une sorte de son et lumière testamentaire. Il nous tanne avec son moine. Antoine est l'autoportrait d'un Gustave en panne.
vendredi 28 février 2014
jeudi 27 février 2014
Abdelwahed
Dans la boulangerie, à l'angle, Abdelwahed claudique. Il me talonne dans l'escalier. Lentement, nous nous attablons, près de la fenêtre, vue sur Le Printemps.
J'agite un café dans un gobelet. Abdelwahed aime l'endroit pour s'asseoir. Il a prié à la mosquée. La salle d'étage est appréciée des jeunes filles asiatiques.
Abdelwahed parle du bled, d'Itzer et de la misère. Il se félicite de la pluie. L'esprit vagabonde à sa fantaisie. Témoigne de séquelles accidentelles. Je suis sourd à ses trous de mémoire.
Il ressasse un récit. Il tend ses doigts vers le ciel. L'aigle du désert se pose sur l'épaule. La parole illumine sa prunelle. Abdelwahed raconte, invente une proximité au monde. Il s'instruit de science, converse avec Serres, range une pensée dans un cahier orange.
La piété d'Abdelwahed se lit dans les bouffissures d'une figure. Il regarde les ruades de la rue, s'étonne des passants possédés des démons. Nos trottoirs se séparent. Je suis comblé de ses pâtisseries au miel.
J'agite un café dans un gobelet. Abdelwahed aime l'endroit pour s'asseoir. Il a prié à la mosquée. La salle d'étage est appréciée des jeunes filles asiatiques.
Abdelwahed parle du bled, d'Itzer et de la misère. Il se félicite de la pluie. L'esprit vagabonde à sa fantaisie. Témoigne de séquelles accidentelles. Je suis sourd à ses trous de mémoire.
Il ressasse un récit. Il tend ses doigts vers le ciel. L'aigle du désert se pose sur l'épaule. La parole illumine sa prunelle. Abdelwahed raconte, invente une proximité au monde. Il s'instruit de science, converse avec Serres, range une pensée dans un cahier orange.
La piété d'Abdelwahed se lit dans les bouffissures d'une figure. Il regarde les ruades de la rue, s'étonne des passants possédés des démons. Nos trottoirs se séparent. Je suis comblé de ses pâtisseries au miel.
mercredi 26 février 2014
L'éclat d'une robinetterie
Ils sont chefs d'un tas d'or. Le calife de Kiev chiadait l'éclat de sa robinetterie. La loterie de la mort effraie les brutes de pouvoir. L'argent témoigne du désarroi des rois. Ils sont voleurs, faute d'autres valeurs.
La cupidité fabrique une légitimité, invente une immortalité. La richesse est une stratégie d'ivresse. Ce vaurien d'Ukrainien n'était maître de rien. Il terre son crime en Crimée.
La volonté de pouvoir étanche une soif de dollars, satisfait une immédiateté, bricole une éternité. Elle ne se borne pas aux seules tyrannies, folles de robinetterie.
Le despote empêché des démocraties est aussi taraudé par l'envie. Il s'enrichit en catimini. Il succombe à la tentation sur la barricade de la nation. La corruption est le nom d'une passion, de la possession d'un démon. Elle saisit les pontifes, hommes craintifs.
La cupidité fabrique une légitimité, invente une immortalité. La richesse est une stratégie d'ivresse. Ce vaurien d'Ukrainien n'était maître de rien. Il terre son crime en Crimée.
La volonté de pouvoir étanche une soif de dollars, satisfait une immédiateté, bricole une éternité. Elle ne se borne pas aux seules tyrannies, folles de robinetterie.
Le despote empêché des démocraties est aussi taraudé par l'envie. Il s'enrichit en catimini. Il succombe à la tentation sur la barricade de la nation. La corruption est le nom d'une passion, de la possession d'un démon. Elle saisit les pontifes, hommes craintifs.
lundi 24 février 2014
Saint Martin
Sur ses skis graciles, Saint Martin défie le ciel. Ses lattes d'athlète fouettent la neige. Il tend sa médaille au pauvre pays qui mendie vaille que vaille.
Martin Fourcade tranche sa pelisse, donne un manteau à l'homme qui n'a rien sur le dos. Le pays s'emmaillote du drapeau.
La nation en haillons acclame le patron du biathlon. Elle s'imagine un grand dessein qui soit un carton plein. L'embellie du champion catalan est une offrande au pays qui quémande.
Martin Fourcade tranche sa pelisse, donne un manteau à l'homme qui n'a rien sur le dos. Le pays s'emmaillote du drapeau.
La nation en haillons acclame le patron du biathlon. Elle s'imagine un grand dessein qui soit un carton plein. L'embellie du champion catalan est une offrande au pays qui quémande.
Modeste et Pompon
Il fait beau. C'était la saint Modeste comme aujourd'hui, une date qui s'entête à l'heure où vient la nuit. Il fait beau. Il était bon. Pas meilleur. Bon tout court, bon du coeur. Il fait beau. J'en ressens le bienfait sur ma peau.
Les heures ont passé à côté d'un radiateur. La vie va vite derrière la vitre. Il regarde de biais, jette une main sur la rosée du matin.
C'est lundi. C'était mardi, à une moitié de décennie. Je me remémore la mort. L'homme cachait son visage derrière un album. Il bornait l'horizon, barricadait sa maison derrière Modeste et Pompon.
La nuque a flanché. Je me penche. C'était dimanche. J'ai baisé sa joue. J'observe un cou rougi. Il est temps de cueillir un sourire. De se recueillir avec les lèvres.
J'erre sur la terre à la recherche d'un rire. J'ai dans la bouche ce goût d'élixir. Je tâche de ne pas mentir.
Les heures ont passé à côté d'un radiateur. La vie va vite derrière la vitre. Il regarde de biais, jette une main sur la rosée du matin.
C'est lundi. C'était mardi, à une moitié de décennie. Je me remémore la mort. L'homme cachait son visage derrière un album. Il bornait l'horizon, barricadait sa maison derrière Modeste et Pompon.
La nuque a flanché. Je me penche. C'était dimanche. J'ai baisé sa joue. J'observe un cou rougi. Il est temps de cueillir un sourire. De se recueillir avec les lèvres.
J'erre sur la terre à la recherche d'un rire. J'ai dans la bouche ce goût d'élixir. Je tâche de ne pas mentir.
vendredi 21 février 2014
On réenchantera les trottoirs
S'affole le destin des roitelets d'un patelin. On joue des coudes pour être chef de bled. On bourre les crânes, à défaut des urnes.
Les municipales chamboulent la face de Pierre ou Paul. Le scrutin d'un dimanche les convainc d'importance. Le candidat serre des doigts. Il baise la pommette des fillettes. La bourrade dans le dos vaut pour baisse d'impôt. On discutaille de la grisaille et de la racaille. On ne va pas se fâcher sur la place du marché.
On vendrait sa mère pour une mairie en pierre. La démocratie nous préserve de la barbarie. On votera dans les villes aux prochaines jonquilles. On noiera ses déboires dans un bulletin d'isoloir. On réenchantera les trottoirs, collèges et espaces verts.
Les municipales chamboulent la face de Pierre ou Paul. Le scrutin d'un dimanche les convainc d'importance. Le candidat serre des doigts. Il baise la pommette des fillettes. La bourrade dans le dos vaut pour baisse d'impôt. On discutaille de la grisaille et de la racaille. On ne va pas se fâcher sur la place du marché.
On vendrait sa mère pour une mairie en pierre. La démocratie nous préserve de la barbarie. On votera dans les villes aux prochaines jonquilles. On noiera ses déboires dans un bulletin d'isoloir. On réenchantera les trottoirs, collèges et espaces verts.
jeudi 20 février 2014
Envie de Pompidou
On est mangé par le temps, démangé par le ressentiment. Le Finistère est un bout d'Angleterre. Par ces vents fous, j'ai pensé à Pompidou.
La politique s'est arrêtée à Pompidou comme la peinture au Lavandou. L'homme aimait l'auto et les mégots. La poésie et l'industrie. Il se méfiait des grands mots. La pudeur était sa demeure, un for intérieur, une parole d'honneur.
"Ne pas emmerder les Français". Il s'était fixé un beau projet. J'ai la nostalgie du chef érudit, du normalien sachant écrire, des fils d'instituteur à vertus rares. Pompidou a souffert le martyr.
"Dans notre famille, on ne se couche que pour mourir". Quarante ans qu'il nous manque, qu'on nous flanque au balcon des premiers communiants, que font long feu des petits morveux sans grand sérieux.
Pompidou a vingt et un ans. Il griffonne à Pujol qu'il est tenté par l'opium. J'aime Pompidou, compagnon de Poulidor et des sons du terroir. Il est facile dans les cols, à l'aise en Mai qu'il démêle, collectionne Staël. Il est désinvolte, brillant, rude au mal.
Le natif de Montboudif jamais ne s'imagina pontife. Pompidou l'épicurien n'a pas voulu son destin. De Gaulle le sort du doux exil Rothschild. Il rédige à sa droite. Ses songes d'enfant se moquaient d'une cabane de président. Il était à mille coudées des zélés forcenés d'Elysée.
La politique s'est arrêtée à Pompidou comme la peinture au Lavandou. L'homme aimait l'auto et les mégots. La poésie et l'industrie. Il se méfiait des grands mots. La pudeur était sa demeure, un for intérieur, une parole d'honneur.
"Ne pas emmerder les Français". Il s'était fixé un beau projet. J'ai la nostalgie du chef érudit, du normalien sachant écrire, des fils d'instituteur à vertus rares. Pompidou a souffert le martyr.
"Dans notre famille, on ne se couche que pour mourir". Quarante ans qu'il nous manque, qu'on nous flanque au balcon des premiers communiants, que font long feu des petits morveux sans grand sérieux.
Pompidou a vingt et un ans. Il griffonne à Pujol qu'il est tenté par l'opium. J'aime Pompidou, compagnon de Poulidor et des sons du terroir. Il est facile dans les cols, à l'aise en Mai qu'il démêle, collectionne Staël. Il est désinvolte, brillant, rude au mal.
Le natif de Montboudif jamais ne s'imagina pontife. Pompidou l'épicurien n'a pas voulu son destin. De Gaulle le sort du doux exil Rothschild. Il rédige à sa droite. Ses songes d'enfant se moquaient d'une cabane de président. Il était à mille coudées des zélés forcenés d'Elysée.
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