jeudi 27 février 2014

Abdelwahed

Dans la boulangerie, à l'angle, Abdelwahed claudique. Il me talonne dans l'escalier. Lentement, nous nous attablons, près de la fenêtre, vue sur Le Printemps.
J'agite un café dans un gobelet. Abdelwahed aime l'endroit pour s'asseoir. Il a prié à la mosquée. La salle d'étage est appréciée des jeunes filles asiatiques.
Abdelwahed parle du bled, d'Itzer et de la misère. Il se félicite de la pluie. L'esprit vagabonde à sa fantaisie. Témoigne de séquelles accidentelles. Je suis sourd à ses trous de mémoire.
Il ressasse un récit. Il tend ses doigts vers le ciel. L'aigle du désert se pose sur l'épaule. La parole illumine sa prunelle. Abdelwahed raconte, invente une proximité au monde. Il s'instruit de science, converse avec Serres, range une pensée dans un cahier orange.
La piété d'Abdelwahed se lit dans les bouffissures d'une figure. Il regarde les ruades de la rue, s'étonne des passants possédés des démons. Nos trottoirs se séparent. Je suis comblé de ses pâtisseries au miel.


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