jeudi 20 février 2014

Envie de Pompidou

On est mangé par le temps, démangé par le ressentiment. Le Finistère est un bout d'Angleterre. Par ces vents fous, j'ai pensé à Pompidou.
La politique s'est arrêtée à Pompidou comme la peinture au Lavandou. L'homme aimait l'auto et les mégots. La poésie et l'industrie. Il se méfiait des grands mots. La pudeur était sa demeure, un for intérieur, une parole d'honneur.
"Ne pas emmerder les Français". Il s'était fixé un beau projet. J'ai la nostalgie du chef érudit, du normalien sachant écrire, des fils d'instituteur à vertus rares. Pompidou a souffert le martyr.
"Dans notre famille, on ne se couche que pour mourir". Quarante ans qu'il nous manque, qu'on nous flanque au balcon des premiers communiants, que font long feu des petits morveux sans grand sérieux.
Pompidou a vingt et un ans. Il griffonne à Pujol qu'il est tenté par l'opium. J'aime Pompidou, compagnon de Poulidor et des sons du terroir. Il est facile dans les cols, à l'aise en Mai qu'il démêle, collectionne Staël. Il est désinvolte, brillant, rude au mal.
Le natif de Montboudif jamais ne s'imagina pontife. Pompidou l'épicurien n'a pas voulu son destin. De Gaulle le sort du doux exil Rothschild. Il rédige à sa droite. Ses songes d'enfant se moquaient d'une cabane de président. Il était à mille coudées des zélés forcenés d'Elysée.




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