vendredi 28 février 2014

L'autoportrait de Gustave

J'ai fini La Tentation de saint Antoine. C'est un machin qui ne ressemble à rien. Flaubert l'a désossée trois fois avant d'être satisfait. J'ai lu de manière décousue. J'ai haché mes visites à l'ermite.
Flaubert hallucine, peint l'abîme, s'enivre de chimères. Il s'étourdit de fantasmagories. L'anachorète ne tombe pas du ciel mais d'une toile de Brueghel.
Antoine orne un mur à Croisset, dans le dos de Gustave, comme une photo de mairie. Sous la dictée du saint aliéné, Flaubert rédige une vision du monde, un conte oriental saturé de détails bibliophiles.
Il juche les dieux des hommes sur son podium. Les fait mouvoir comme autant de mannequins de sa collection d'hiver. Flaubert impose un train d'enfer au ballet des religions.
Il est le couturier des stars de l'Histoire, le façonnier des divinités de l'Antiquité, l'artificier d'un défilé d'idoles mortes. A la fin, Antoine n'est tenté par rien.
L'homme du désert se terre dans la matière. Flaubert bricole une sorte de son et lumière testamentaire. Il nous tanne avec son moine. Antoine est l'autoportrait d'un Gustave en panne.

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