lundi 18 juin 2012

Thierry râlant

Thierry Roland pouvait s'attabler. Il avait son rond de serviette au domicile d'une France cocardière. Les jolies consciences "je m'en footeuses" raillaient son patriotisme de plein air. Les contempteurs du "bâillons rond" fustigeaient ses errements amoureux, dénonçaient ses élans généreux. Thierry râlant, en rogne contre l'arbitre, était attendu à chaque coin de commentaire.
Il pestait, fulminait, s'exclamait avec une ferveur de gosse émerveillé. Il était injuste par manque de tiédeur. La passion l'égarait dans une joyeuse approximation. On l'aimait pour sa gouaille et sa mauvaise foi. Il était l'héritier du grand Roger Couderc, le chantre légendaire du rugby.
Il mouillait une larme devant l'hymne national, faisait du sport une affaire de drapeau tricolore. Il n'était pas seulement le douzième homme de l'équipe de France. Il était son barde fidèle, à demeure dans la sélection, le plus capé des hommes en sueur.

Aucun commentaire: