lundi 13 août 2012

Cent secondes

Dans les courses de fond et de demi-fond, l'athlète faisait jadis ses classes en sa qualité de "lièvre". Le "lièvre", c'est le "gregario" en vélo ou le "nègre" en littérature. Il fait le travail, le sale boulot, laisse la gloire au champion.
David Rudisha, sublime vainqueur d'un huit cent mètres d'anthologie, a périmé l'emploi des coureurs sacrificiels. Il a tué le "lièvre" avec son fusil à deux tours de piste. Il a accompli la double boucle, sans voir la meute à ses trousses. Rudisha a déployé sa majestueuse foulée durant cent secondes. Nous étions bouche bée: il y avait une beauté infinie dans ce genre de folie. Le Kényan a pulvérisé le record du monde. Il a réinventé le demi-fond comme Fossbury a révolutionné le saut en hauteur.
"C'est de la poésie pure !" s'est exclamé un commentateur de télévision. Je suis d'accord. Plus que Bolt, Rudisha a imprimé sa marque sur la piste de Londres.

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