jeudi 23 août 2012

L'artiste sans oeuvre

A vrai dire, il est une phrase de Cioran qui définit l'air du temps, les gens qui le respire. "N'avoir rien accompli, mourir en surmené."
Nous avons besogné tout l'été sans rien chanter de très achevé. Oui, l'industrieuse énergie se disperse en confettis. Nous sommes possédés par le démon des serviettes et la diablesse des chiffons. L'épuisement est le juste châtiment du désoeuvrement. Car la gesticulation laborieuse est une grimace du corps, la parodie bouffonne du travail de l'oeuvre.
"N'avoir rien accompli, mourir apaisé". Il est des hommes sans oeuvre dont la copie blanche éclate de splendeur. L'art est fiché dans leur regard. Ils trimbalent leur maîtrise comme des cicatrices. Ils ont dessiné leur vie, stylisé leurs envies.
L'artiste sans oeuvre est concis jusqu'au mutisme. C'est un dandy sans ébauche de rien de précis. Si jamais vous le croisez sur les sentiers, il convient de se décoiffer comme il sied au passage d'une radieuse beauté.

Aucun commentaire: