mardi 29 avril 2014

Pauvre type

Je suis vide. Vide de mes vanités. La chute de Maman m'a déséquilibré. Je perds mes repères. Je bute sur un chemin de terre.
On dépeuple les tiroirs. On déracine les objets. On rafle une communauté de bibelots et petits mots. On dénude un secret. On déterre la poussière des étagères. On étale le linge d'une malle.
On gomme la vie d'une femme, en deux temps trois mouvements. On déficèle les liasses. On jette comme on crache. On ligote les poubelles.
Je suis vide. Je suis vieux d'avoir vidé les lieux. Rage du saccage. Hystérie de la déchetterie. Mécanique d'une tuerie. On fracture une serrure. On brutalise une mémoire. On fesse l'espace. On dépèce jusqu'à l'os. On s'anime vers l'abîme.
Je songe au Julien de Flaubert, d'avant la sainteté et l'hospitalité dernière. Maman morte me donne la certitude d'être un pauvre type. Son fétiche se décompose, s'étiole parmi les roses.

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