mercredi 1 avril 2015

La photographie

J'ai besoin de me dérouiller les doigts. Je crains la déception du crayon. J'hésite à extraire la photographie de son album d'étagère. J'aimerais la reproduire, tracer des zigzags sur un cahier de repentirs.
J'hésite, m'invente un motif de fuite, me piège à mon satisfecit. Je ne suis guère au clair avec mes zébrures austères, mes petits dessins d'instinct. Je tourne autour, je passe mon tour.
J'ai envie d'une page comme on griffe une joue. Je veux une figure comme on dénature un regard. J'attends parmi les signes. Je guette une lumière assassine. Rien ne presse à l'accomplissement d'une justesse. Ma main s'entraîne au dessin d'une prière. Je songe au moine de Ligugé.
"Si obscures et douloureuses que doivent être - qui sait ? - les circonstances de notre trépas, il faudrait que nous fussions aussi sereins à disparaître que le soleil est magnifique à se coucher ".

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