samedi 31 octobre 2020

Deux ou trois choses que je sais d'elle

Les virus ont leurs vagues, les mots ont leurs vogues. A écouter les bavards des journaux et plateaux, réjouis des échos de leurs causeries, notre effort de guerre est entravé par des armes dépassées, contrarié par des grandes cuillers percées. « Il y a des trous dans la raquette ! » C’est une chansonnette hurlée à tue-tête. Après l’enfermement, après mûre réflexion sur la dette, il faudra songer à boucher les trous de ladite raquette. Interroger Federer sur quoi faire. Depuis que la guerre est déclarée, on répertorie les foyers où nos hommes sont encerclés. Les clusters sont des zones à mystère où nos compagnies sont prisonnières, où l’ennemi joue son avenir. Cluster est un mot qui prouve que les frontières sont des passoires. On y parle britannique. Dans le même temps, au niveau du commandement, le guilleret verbe « impacter » s’emploie sans grand tact. Il règne désormais sur toute cause destinée à produire un effet. Aujourd’hui, au front, en première ligne comme derrière, rien ne nous affecte mais tout nous impacte. A commencer par la raquette, évoquée plus haut, lourdement impactée. Raquette à trous, cluster, impacter : ces sont les mots clés de la guerre retranchée, et derrière eux, deux ou trois choses que je sais d’elle.

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