vendredi 5 février 2010

Barbarie allemande

Cimetière juif saturé de deuils où les tombes parlent de "barbarie allemande", où la mort des hommes interroge la terreur panique des vivants. On chemine en silence, au seul son des souliers sur un sol couleur de craie, derrière le fourgon haut d'épaule, à carrure de refus.
La grisaille voile les regards, enveloppe la lumière d'hiver, dissuade la prière. C'est l'uniforme dont on revêt les morts. Les dalles de granit sont des coffres de banque. On y stocke les yeux de la tête et les squelettes. La vie qui fuit, qu'on enfouit, ne garde que le gris.
J'imagine des stèles à ton de paille, des catafalques orangés, des statuaires bariolés de rouges incendiaires, des tombes zébrés de terre de Sienne.
J'ai jeté une petite cuillerée de sable dans le trou noir où dorment les blonds cercueils.

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