mercredi 3 février 2010

La liste

Longtemps, la ménagère a joui du privilège exclusif de faire des listes. Elle griffonnait sur un bout de papier jaune les courses pour la maison. De peur d'oublier quelque chose en flânant dans les boutiques de victuailles.
A l'approche des Régionales, les partis politiques constituent pareillement des listes en prenant soin de ne froisser personne. Mission impossible. Dans son Poitou expérimental, Ségolène Royal a enrôlé sur sa liste les gens du Modem au grand dam d'anciens titulaires socialistes. Dans le midi languedocien, le shopping électoral nécessite la formation de deux listes, la locale et la nationale, la pure et l'impure. Du côté sarkozyste, les petits partis d'appoint ont squatté les bonnes places au détriment de l'UMP.
A vrai dire, on ne peut pas enfourner tout le monde dans une liste. D'où les risques d'inimitié et les dommages collatéraux du ressentiment. La formation des listes est une fabrique de traîtres en puissance. A la maison, les yaourts oubliés du post-it provoquent la grogne des enfants. Dans la cité, on se partage le gâteau et on se distribue les fromages. Les retoqués de la liste mangent la soupe à la grimace. Avant de sortir les poignards.

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