mardi 16 février 2010

Un genre de grossièreté

Jadis le cinéma était un art pratiqué par des poètes de la couleur et de l'espace. Bresson, Pialat étaient des peintres sincères, des tortionnaires de la forme, des visionnaires de la toile dont les rêves impressionnaient, trouaient l'image.
Ce temps de la beauté animée appartient à la poussière des archives entassées, au musée des bibelots aimés. J'ai vu "l'héroïque biopic" gribouillé sur Gainsbourg. Châtiment du dimanche d'un très long métrage. C'est le puéril croquis d'un tâcheron, d'un bûcheron de la bande mal dessinée. Aucune image n'est respectée dans sa dignité. Aucune image n'est soignée, veillée comme la princesse des songes, la déesse endormie des salles de fantaisie. Boris Vian est déguisé en gras notaire. Ce récit poisseux, ce film infantile, cet assommant pensum mixte bons sentiments, boniments, peinture en bâtiment.
Laetitia Casta sort de l'eau souillée, comme une reine de l'été. Elle ensoleille la pellicule, cicatrise l'ennui, sauve sa peau d'actrice. C'est une Bardot très charnelle, moins sauvage et enjouée, voluptueuse à souhait. C'est l'exacte figure de cuir perchée sur la Harley-Davidson d'André Pieyre de Mandiargues.
On se demande bien pourquoi la radieuse Laetitia s'est fourvoyée dans ce genre de grossièreté, n'a pas laissé le film en plan s'enlaidir tout seul.

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