lundi 15 février 2010

Métal hurlant

Il est des images qui instruisent avec l'évidence d'une révélation, qui rappellent la fragilité ténue de l'homme, qui exhibent le banal éclat de la mort. Sur un anneau de vitesse olympique, un jeune champion de luge a percuté de plein fouet un pylône en métal. Métal hurlant d'une scène obscène, en boucle, qui s'est jouée déjà tant de fois devant nos yeux. Le corps est projeté hors du véhicule dans sa lumière de cadavre, tombeau ouvert.
Dans ce vertige de toupie, on observe, de face, plein écran, l'homme giflé par la matière inerte. C'est un mannequin sans vie, une chose inanimée, réduite à rien, au même destin muet que le meurtrier pilier. La fulgurance de la séquence fait voir l'humble condition humaine, sentir son extrême précarité, toucher son exacte limite. La mort tue net, proprement, dans un bref mouvement, comme un enfant se distrait avec cruauté, sans perception du mal.
La télévision, en plan fixe, montre l'homme dans son indigente finitude de chair. C'est une image de soi, du froid cadavre jamais loin, qui agrippe le regard. C'est un choc de rétine devant l'expéditif travail de routine, travail de bourreau, travail exécuté d'une traite.

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