vendredi 22 janvier 2021

Ruée sur les Champs-Elysées

Véran était triste, navré - l’anagramme de son nom – des résultats moroses du plan « Mauricette ». Alors Véran a projeté de se doper comme un cycliste dépassé, un gregario vidé au pied de l’Iseran. Et depuis, Véran le conquérant, le sorcier des vaccins, le grand sachem de la pandémie n’y va pas de main morte. Sa cavalcade est irrésistible. Il a ordonné de piquer tous azimuts, de planter des aiguilles comme un torero possédé multiplie les banderilles sur le flanc écarlate du taureau. Dans les hospices, les vieillards cacochymes sont troués de partout. Dans les Ehpad, les blouses blanches vaccinent comme des malades. La machine qui administre la nation fonctionne à merveille, toute seule, applique la consigne sans qu’on lui dise, laboure les chairs à sa cadence de guerre, sans directive aucune. Elle est lancée, initialisée, programmée pour la conquête comme un canard sans tête. A toute berzingue avec ses seringues. Elle pique à tire-larigot : les petits et les gros, les comorbides et les frigides, les déserteurs et les sans-grades, les réformés, les médaillés. Pas de quartier. La machine de guerre s’emballe, fouettée par l’enthousiasme d’un succès triomphal. Rien n’arrête la progression d’une campagne impériale. Les millions de piqués/minute s’entassent dans les registres de statistiques. D’ici l’été, soixante-dix millions de ressuscités seront dénombrés. Plus que la population de l’ancienne Gaule. A la fin de l’année, l’armée de Véran aura éperonné le Vieux Continent en sa totalité. La machine de guerre vaccine à hautes doses. Les grognards de la seringue parlent couramment le Vér(l)an, l’argot des gogos, exécutent ses oukases à la tronçonneuse. France : médaille d’or. Drapeau. Marseillaise. Ruée sur les Champs-Elysées.

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