mardi 20 avril 2021

Déconstruire, dit-il

Dans une lointaine jeunesse, j’ai lu, annoté, relu un libre blanc, couverture Minuit, tissé de soucieux signes denses qui faisaient écho à l’origine des langues, aux mots géniaux d’un homme de brio, Jean-Jacques Rousseau. « De la Grammatologie » est d’une lecture ardue, loin des voisinages d’une jolie prose, du visage de la littérature. L’ouvrage propose un concept massif, en béton, destiné à analyser l’essence d’une écriture. La déconstruction. Mixte à peine voilé des Destruktion et Abbau de Martin Heidegger (« Etre et Temps »). Déconstruire est une méthode philosophique que se donne Jacques Derrida pour pénétrer au cœur d’une écriture. Déconstruire, dit-il. J’ouvre le dictionnaire. Défaire, débâtir, démanteler. Les synonymes se succèdent pour démolir. Or l’homme, qui s’est fixé cinq années pour requinquer Notre-Dame, souhaite « d’une certaine manière déconstruire notre propre histoire ». A l’Amérique qui lui tend la perche d’un micro, aux universités qui jadis s’emballèrent pour la « French Theory », l’Emmanuel président près des gens ramène sa fraise intellectuelle, s’autorise de Jacques Derrida. De l’Histoire de France, de son grand récit, il prétend démonter la structure du bâti. Il est vrai que la bleusaille n’a jamais froid aux yeux. Macron, premier épidémiologiste de France, premier phénoménologue de Navarre, premier historien du pays, premier penseur de la nation, totalise le savoir encyclopédique de la planète. Il cumule tous les prix et accessits scientifiques naguère attribués à Staline. Tant d’excellence révèle l’impudence abyssale de ses béates ignorances.

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