samedi 10 avril 2021

Une manière de se distinguer

Hollande, c’était la cravate. Castex, c’est la veste. La cravate de travers, la veste qui flotte. Philippe, c’est le poil au niveau des maxillaires. Il est blanc. On s’accoutume au champ de neige étincelant sur fond d’horizon nocturne. L’Edouard est bicolore de barbe. Mais c’est en tricolore qu’il se projette. Il est vrai qu’il boxe en salle, en corps à corps avec un destin national. Macron, c’est la rouflaquette de mauvais garçon. Le coiffeur du Château l’a ratiboisée, l’a coupée plus haut. Inutile d’apeurer les familles. L’air bandit peut gâcher l’élan d’une marche. On se souvient de Mitterrand, des dents de devant, du sourire carnassier que jalousaient les banquiers. Il les lima et on l’aima. Bayrou, les oreilles. Elles étaient décollées. Comme des scores d’opinions favorables de sondages bidons. L’agrégé les a recadrées, fixées à son portrait. Il bégaie rassuré désormais. Il discourt droit dans ses esgourdes. Tout le monde est relifté. Maquillé, bien éclairé, rajeuni sur la photo. La fraîche Roselyne Bachelot a vingt ans sur le cliché de sortie du dispensaire, sans la moindre séquelle de guerre. Ses bonnes joues lui suffisent pour braver le virus. A leur domicile, quand on les interroge en plein télétravail, l’âge d’état civil s’embrouille un peu les pinceaux. « T’as vu, Moretti, comme il a vieilli ! » Le coup de vieux saute aux yeux. La force visuelle des hiérarques se nourrit de biens non essentiels. Ils ne parlent face à la caméra qu’en présence de leurs avocats. Les livres sont au bout des lèvres, derrière. Une bibliothèque pleine à craquer, comme la chaîne des Pyrénées dans le dos du maire de Pau, un massif entier d’ouvrages rares, de Pléiade flambants neufs en milieu d’étagère. Ah oui, bien sûr ! Je pige la stratégie murale des pages. C’est une manière de se distinguer. La tête qui se paie la mienne n’est pas analphabète.

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