mercredi 25 décembre 2024
La Marraine
La vitrine de Bâillerou est saturée de têtes de gondole. La notoriété nécessite une visibilité. Briguer un pouvoir réclame une lumière, requiert d’être notoire. Le premier carré de l’escouade paloise est juchée sur un piédestal pyrénéen, bien en vue, au premier plan, à portée des mal voyants.
Les autres, la piétaille, faute d’être notoires, vaquent à leurs obligations de petits notaires à cocarde, s’ébrouent dans un anonymat de ministère qui n’est pas d’Etat, donc interdit de médias.
Gérald, Bruno, Manuel et Lili sont des couvertures d’office des magazines de haute littérature. Ils sont destinés à squatter les JT de janvier, février, à exhiber leurs frimousses bien lissées, leurs bobines bien éclairées jusqu’à satiété, bien sûr jusqu’à la prochaine censure qui va les peiner. Extrêmement.
Les déambulations routières, ferroviaires, aéroportuaires avec coups de menton autoritaires ont commencé sans crier gare dès les premiers santons remballés dans les cartons.
Gérald et Bruno multiplient les itinéraires stratégiques, les vagabondages d’images mémorielles, à portée de pales d’hélicoptères. Visites coup de poing, coucous à l’improviste, poignées de mains spontanées, selfies de pure empathie, dans les prisons, commissariats, tribunaux. La rivalité des déplacements sur ledit terrain, dans la boue de Mamoudzou, crée des embouteillages de cortèges tricolores.
Lili l’impératrice exige la parité, demande qu’on la photographie dans les écoles, sous un préau, devant le tableau noir, à la cantine avec les gosses qui mangent des légumes bio.
Manuel se borne à l’usage des longs courriers pour communiquer ses valeurs exemplaires et sa pensée universelle. Il vole et voit loin. Il fourre des bottes de randonneur pour la boue de Mamoudzou, un ticheurte « I love Mayotte », des bouteilles d’Hepar à distribuer à la manière Kouchner, tasse le tout dans sa malle Vuitton. Il aime Mamoudzou jusqu’à la déraison. C’est sa ville de cœur, loin devant Barcelone et Evry. Il songe à s’y installer durablement.
Gérald rappelle à bon escient, encore et déjà, qu’il se dénomme Moussa et que sa mère fait des ménages, que son père sert à boire des canons de rouge au comptoir. Il pense que ça compte, cite Albert Camus, prix Nobel. Un signe.
Tous ces encombrants ministres se bousculent déjà sur un petit écran. Devant un micro, ils soignent « un narratif » subtilement émotif, prononcent un gentil discours de protection, articulent un adorable babil d’accompagnement.
Bâillerou fait des sauts réguliers à Pau, vote le budget du club de rugby. On le voit souvent avec sa veste à rosette, manière de moquer Sarkozy qui en sera désormais privé.
Edouard, Laurent et Gabriel sont contraints de ruer dans les brancards pour que les médias condescendent à filmer leurs trognes d’opposants bien présents. La visibilité n’a d’autre enjeu que la désirable timbale élyséenne. Or le calendrier appartient à l’indocile et sémillante Marine, l’authentique Marraine de l’actuelle mafia.
Elle vient encore de refuser au petit Xavier le poste de secrétaire d’Etat aux anciens combattants. Il lui est interdit d’exposer son faciès jusqu’à la Saint Glinglin, ou tout au moins de le cantonner aux kermesses de Saint Quentin. L’invisibilité est une maladie honteuse dont un peuple, l’absent par excellence hors le temps du scrutin, ne guérit que par le coup de gueule, l’émeute ou la jacquerie.
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