mercredi 22 décembre 2010

L'habit de député

Le corporatisme parlementaire noue les complicités d'un bord à l'autre de l'hémicycle. Reste à bien maquiller les privilèges de fonction, à ne pas dépasser les bornes, sous peine d'être légitimement questionné sur sa vertu républicaine, interpellé sur son exemplarité citoyenne.
Ni vu, ni connu - le peuple a d'autres chats à fouetter avec la neige et Noël -, la chefferie UMP du Palais Bourbon a tenté une provocation sociale sans complexe, à la Sarkozy, dans le registre indécent du Fouquet's ou des émoluments d'emblée revalorisés du nouveau président.
La solidarité du couple Jacob et Copé s'exerce comme les deux doigts d'une main protégeant son portefeuille. Le duo "Jacopé" a projeté d'exonérer la gente parlementaire des pénalités communes en matière de fraude sur la déclaration de ses biens. Comme si l'habit de député ne faisait pas le patrimoine. Un parlementaire menteur - disons "parlementeur" - mérite non pas opprobre mais pardon.
La France d'en haut, celle qui se rassemble autour du perchoir, a perdu de vue le champ d'application de ses propres lois. Elle pérore en vase clos sur le meilleur partage de ses avantages. De Gaulle, en son temps, souhaita qu'on préservât Jean-Paul Sartre, vendeur à la criée de la sulfureuse "Cause du Peuple", des inconforts du cachot. Au motif élitaire "qu'on ne met pas Chateaubriand en prison."
Nos intouchables députés se prennent sans doute pour de glorieuses figures au point de s'affranchir des règles communes. A mille lieux, le peuple vaque à ses urgences quotidiennes. L'élu dans sa bulle s'adresse aux membres de sa confrérie. On peine à savoir qui s'éloigne le plus de l'autre.

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