mardi 22 février 2011

Le peuple

Il est des termes dont on ne sait plus très bien ce qu'ils désignent. Le mot "peuple" appartient à ce vocabulaire imprécis, à ce lexique vagabond. Or, à l'occasion des révolutions arabes si pleines de panache, il rompt les approximations d'une signification brouillée. Il se réapproprie un sens éclatant. Le mot "peuple" retrouve ses esprits, redécouvre sa définition. Le peuple, c'est la force d'une rue, qui à mains nues, destitue le tyran. En cela, il est révolutionnaire, il déjoue la répétition du même, il fait bifurquer l'histoire et décide de son avenir.
Le peuple, c'est une foule égarée, un collectif indocile que fédère l'idéal humain de liberté, que métamorphose la colère pour la justice. L'ébullition se change en communion. Le passage à l'acte d'un peuple relève d'un processus éminemment spirituel. Mourir pour la liberté, c'est ne pas céder sur la primauté de l'esprit. Le peuple s'est défini en vraie grandeur, sous nos yeux, au Caire, à Tunis ou Tripoli. C'est bien autre chose qu'un corps électoral. C'est un corps spirituel, plus fort que tous les princes de la matière.

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