jeudi 4 août 2011

Murdoch

L'enquête du Monde consacrée à Rupert Murdoch relate les moments forts d'une saga industrielle éblouissante. L'Australo-Américain est un magnat des médias visionnaire. Sa stratégie à l'échelle mondiale dévoile un sens de l'anticipation, une réactivité aux marchés et un opportunisme commercial qui le hissent largement au-dessus des autres "tycoons" de sa génération. S'il est juste de rappeler ses démêlés avec un entrepreneur d'envergure comme John Malone, il est inapproprié d'évoquer son duel avec Jean-Marie Messier, pâle rejeton d'une technocratie à la française. Les deux hommes ne jouaient pas dans la même division.
De surcroît, j'ai été surpris que Murdoch soit dépeint comme "le contraire d'un libéral puisque son mode opératoire consiste à détruire la concurrence en créant un monopole défendu ensuite bec et ongles". Car son implantation américaine, d'une audace folle, ne correspond pas du tout à pareille analyse. Murdoch s'invite à la table des ogres - celle des trois réseaux historiques ABC, CBS et NBC - sans qu'aucun de ces grands médias ne l'ait convié. Il endosse un rôle d'outsider au toupet insensé sur un marché publicitaire éminemment concurrentiel. Le network Fox se construit brique à brique, journée après journée, dans un combat frontal avec les leaders emblématiques du prime time américain. Il s'approprie "Les Simpsons", série politiquement incorrecte, dont aucune télévision ne veut. Il invente la contre-programmation. Non, l'Amérique n'attendait pas Murdoch. Son couvert n'était pas mis à son arrivée. Le nouvel entrant Fox s'est taillé une place à la force du poignet. Jamais de la vie, il ne pouvait revendiquer le monopole de quoi que ce soit.

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