vendredi 19 août 2011

Un art

Je trouve que Jean-Hervé Lorenzi, brillant professeur et universitaire de renom, pousse le bouchon un peu loin en proclamant que "la politique économique doit retrouver son statut de véritable art" (Le Monde daté du 20 août ). Que l'exercice du pouvoir et la mise en oeuvre des enseignements de la science économique nécessitent du doigté et de la subtilité, je n'en disconviens aucunement. En revanche, je m'insurge contre un label artistique - le mot "statut" me sidère - attribué aux valeureux Trissotin de notre quotidien.
L'excès du propos dévoie le sens d'un mot emblématique. L'art relève d'une pensée humaine à son sommet, touche à la beauté du monde. Dans les interstices du même journal (Le Monde daté du 20 août), rubrique carnet des décès, on lit cette superbe phrase de Leos Carax: "Je crois que la beauté n'est pas autre chose que l'expression du fait qu'une chose a été aimée". Bref, l'art exige qu'on se garde de galvauder sa haute signification. L'économie n'est pas la musique. La politique n'a rien à voir avec la peinture. La politique économique ne voisine pas avec la poésie.
La justice des hommes se nourrit de la justesse des mots. Albert Camus a écrit quelque chose d'approchant.

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